Un homme raconte si souvent ses histoires, qu'il ne fait plus qu'un avec ses histoires
De prime abord, on pourrait se dire: "Ah, un Burton, éteignons vite les lumières pour apprécier d'autant mieux la pénombre de ses scènes et la noirceur de ses dialogues". Il n'en est rien ici.
"Big Fish" est à l'opposé de ce que le réalisateur a fait depuis ses débuts en 1982. Des scènes avec des couleurs omniprésentes, saturées par moment, renforçant le côté joyeux et rose bonbon de la chose. Burton fait soit dans le noir soit dans le rose, mais il laisse rarement indifférent et c'est encore une fois le cas ici. A coups de scènes plus invraisemblables les unes que les autres, il nous emmène dans un rêve éveillé, dans un monde où le réel et l'irréel se mêlent agréablement bien.
Tim Burton possède des acteurs et des actrices fétiches, qu'il enrôle au gré de ses folies cinématographiques. C'est donc avec une joie non dissimulée qu'on peut retrouver Helena Bonham Carter, Danny DeVito et Albert Finney. Bref, il y a des acteurs sur lesquels on aime compter et ces 3 acteurs méritent à eux seuls le détour. Reste bien évidemment un Ewan McGregor assez surprenant et fantaisiste. Il fera tout, réellement tout, pour conquérir la belle Alison Lohman.
Pour ne rien cacher, je partais avec un a priori des plus amers en me demandant si ce film ne serait pas LE film qui me ferait changer d'avis sur Tim Burton. Le film qui me ferait dire: "Mince, j'aimais tous ses autres films, il a fallu que...". Cela ne s'est pas produit pour la simple et bonne raison que ce film lui ressemble. Il ressemble à un Burton, et cela suffit.
En un peu plus de 2 heures, on passe du coq à l'âne, d'un géant à un village fantôme, d'un cirque à un champ de jonquilles.
Seul petit bémol, les scènes réelles, avec Albert Finney et Billy Crudup, sont d'une pénibilité assez étonnante. Rien ne se passe réellement dans ce monde et on est assez vite pressé de repartir dans l'autre afin de connaître d'autres histoires. Une trop grande différence en termes d'action et d'enchaînements de séquences se trouve ici et c'est un peu dommage.
A contrario, la musique est splendide et signée Danny Elfman, LE musicien préféré de Burton. Notons le générique de fin, composé par le groupe rock/grunge américain Pearl Jam.
Quoiqu'il en soit, "Big Fish" est un de ces films qu'on aime voir et surtout revoir. Un conte fantastique, à la sauce Burton. Une espèce de magie tout en images où on ne doit faire qu'une chose, se laisser aller et apprécier le film à sa juste valeur.