La nuit, tous les noirs sont gris

Attention, il y a du spoil dans cette critique ! Mais comme je n'aime pas la fonction anti-spoil, je préfère juste vous avertir. Passez donc votre chemin si vous souhaitez conserver la virginité anale de votre cerveau.


J'imagine très bien comment cela a dû se passer. Les auteurs ont concocté un scénario digne des films d'action des années 90, avec un gosse chasseur qui bute des terroristes pour sauver le président au milieu d'une forêt. Les auteurs ont ensuite trouvé des producteurs. Les producteurs étaient emballés, vraiment. Puis, petit à petit, leurs femmes ou leur morale les ont rattrapés et au bout de trois ou quatre réunions, l'un d'eux a osé dire que, quand même, un gosse qui bute des terroristes, c'est peut-être pas le truc qui pourrait rendre un film populaire, ou en tous cas pas pour les bonnes raisons... Alors ils ont décidé de faire réécrire le scénario : c'est ainsi qu'on se retrouve avec un président plus tellement lopette à partir de la moitié du film et que le méchant se retrouve avec un bout de métal près de son cœur afin que la seule fois où le gosse utilise bien son arc (parce qu'il fallait quand même bien l'exploiter, après tout c'était l'idée de base qui a emballé tout le monde) n'ait pas de conséquences directes. C'est tellement triste.


Bon j'ignore si ça s'est réellement passé ainsi, mais le scénario avait vraiment du potentiel. Ainsi, les 20 premières minutes sont assez cool, et fun. Puis on ne sait pas pourquoi, il ne se passe pratiquement rien pendant 30 minutes, l'action est comme gelée. C'est là que l'attention du spectateur commence à se relâcher : un film d'action qui met 50 minutes pour vraiment commencer, ça fait mal. Et même quand ça commence il ne se passe pas grand chose. Les invraisemblances commencent à fuser un peu (vraiment, le coup d'état qui passe inaperçu malgré les SMS envoyés en pleine réunion depuis l'état major, ça fait très sérieux...), le genre d'invraisemblance qu'on aurait pu pardonner s'il y avait eu de l'action en échange, mais comme ce n'est guère le cas... Il y a aussi un côté un peu dramatique qui surgit de temps à autre avec cette histoire de gosse qui doit devenir adulte : c'est mal amené et ça casse un peu le côté fun du film. Et cette fin, vraiment... le coup de la flèche qui rebondit, et la réaction aussi du méchant quand il meure... là on est dans le pur nanar (au moins on se marre bien) ! En fait, y a des trucs marrants volontaires, d'autres involontaires et puis des trucs pas marrants du tout.


Côté mise en scène, c'est pas mal. Un film d'action où, pour une fois depuis bien longtemps, la caméra filme ce qu'il faut, où l'angle de vue choisi est idéal pour bien montrer l'explosion sans perdre de vue les héros, où les CGI ne sont pas trop envahissants malgré le côté spectaculaire des explosions, ça fait du bien. Vraiment, le réalisateur s'en tire plutôt bien de manière générale. Bon, il y a des défauts, comme la scène du frigo qui fait un peu sourire, mais comme il s'agit d'un des rares moments marrants, on ne va pas trop chicaner. Les acteurs sont cool aussi : voir Jackson en peureux, c'était une bonne idée, dommage donc que les auteurs n'aient pas été jusqu'au bout de celle-ci. Le gosse est correct aussi. Les méchants sont cool, bien que sous-exploités (à la fin ils passent tous pour des baltringues en plus).


Bref, voilà un petit film d'action qui aurait pu être vraiment cool avec plus de couilles, le genre de truc qui aurait rappelé le cinéma de Cameron dans les années 90, c'est-à-dire un film décomplexé, bourré d'action et fun. Dommage.

Fatpooper
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le 10 août 2015

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