Clap de fin pour John Cassavetes.

Bien que ce film soit le dernier réalisé par John Cassavetes, son histoire en coulisses y est assez folle.
Au départ, le film devait être réalisé par Andrew Bergman, qui fut également l'auteur du scénario, le tout produit par la Columbia. Cependant, ce studio voyait bien que l'histoire comportait énormément de similitudes avec Assurance sur la mort, que détient Universal. Afin d'éviter d'éventuels soucis, ce dernier demande à Columbia en échange deux scripts, pour dédommagement, on va dire ; l'un d'entre eux fut rien de moins que Retour vers le futur !
Ensuite, le tournage de Big trouble a été très compliqué, à tel point qu'Andrew Bergman et son producteur quitteront le film en cours de route, laissant toute une équipe technique et des acteurs sur le carreau. C'est alors que Peter Falk a la bonne idée de faire appel à son ami John Cassavetes pour réaliser le film à la place, un pur travail de commande. Ce qu'il acceptera, en respectant totalement le scénario de Bergman, lequel sera crédité sous un pseudonyme, Warren Bogles. Quant au producteur, il est totalement évacué du film, au point que Big trouble fait partie de ces très rares films où il n'y a eu (officiellement du moins) aucun producteur !

Pour en revenir au film en lui-même, il s'agit effectivement d'un remake 80's d'Assurance sur la mort, avec Alan Arkin en agent d'assurance qui veut établir une assurance auprès d'une femme, et de tuer le mari de cette dernière pour qu'il puisse toucher le pactole et envoyer ses enfants dans une prestigieuse école de musique, ce dont il n'est pas capable financièrement parlant.
Comme je le disais, on ne trouve absolument rien du style de John Cassavetes, excepté la présence amusante de Peter Felk, qui joue le mari en question qu'on veut abattre pour toucher son assurance-vie. On peut dire que du côté de la mise en scène, c'est du travail propre, sans folies, mais avec bien plus de moyens que Cassavetes n'en a eu sur ses propres films.

Du fait de sa désastreuse réputation, je m'attendais franchement à bien pire, car il y a une touche 80's pas désagréable au fond ; le brushing d'Alan Arkin, les femmes permanentées, la musique rétro de Bill Conti... Et le film se suit sans trop d'ennuis, grâce également à une courte durée ; 89 minutes.
Certes, c'est un film que je ne reverrais jamais, car je garde mon baril de Billy Wilder, mais en tant que pompier du tournage, John Cassavetes s'en tire pas trop mal. Il n'y a pas de quoi se rouler par terre, et on peut être d'accord sur le fait que son précédent film, Love Streams, est bien son réel testament cinématographique.

Au final, Columbia a été perdant sur tous les plans ; en plus de perdre la possibilité de faire un carton absolu avec Retour vers le futur, parti chez Universal, Big trouble a été un bide total.
Quelque part, en cherchant un peu, on trouve dans la scène finale un semblant d'improvisation qui nous rappelle le style Cassavetes ; une belle façon de finir une grande carrière, malgré un film totalement mineur.