Bigfoot Family est porté de bout en bout par une tendresse qui réjouit en ces heures sombres, ainsi que par une foi en la famille et en une cause essentielle (la défense de la nature) qui n’apparaît jamais comme prétexte mais découle simplement du premier long métrage et de la caractérisation des personnages, pour la plupart animaux. Jeremy Degruson et Ben Stassen injectent dans leur animation ce qu’il faut d’âme pour contrecarrer l’impression « jeu vidéo » que renvoient certaines séquences de course-poursuite, une gentillesse et une douceur qu’il importe de transmettre au jeune public et de véhiculer dans la sphère familiale.
Surtout, le long métrage différencie parfaitement le rythme de la précipitation, sait poser ses situations afin d’éviter ces avalanches d’images colorées dont sont responsables les grands studios d’animation contemporains : chaque scène est lisible, s’insère clairement dans une séquence elle-même articulée à une autre ; en résulte une rigueur narrative qui, si elle peut paraître quelque peu convenue, garantit sa compréhension et poursuit le développement de son propos écologique. Introduire les nouvelles technologies et leurs effets – qu’ils soient positifs ou néfastes – par le biais de GoPro ou de webcam doit permettre également de sensibiliser le spectateur aux enjeux de représentation qui forment et déforment une information pour la faire correspondre à des attentes marketing bien définies.
Notons que la partition musicale, signée Puggy, confère dynamisme et espièglerie, contre des chansons trop présentes et répétitives qui forcent la main à l’authentique bonté de cette famille agrandie avec son ours et son raton-laveur désopilants, qui mériteraient à eux seuls un troisième opus. Un beau film, intelligent et porté par un souffle d’aventure enivrant, qui atteste la qualité du cinéma d’animation belge et français.