Il est probable que dans son genre de films (drame social essentiellement, malgré le thème de la danse), Billy Elliott mérite 9 voire 10.
Parce que c'est très bien construit, extrêmement bien interprété, et sur des thèmes d'une réalité et d'une profondeur tout à fait certaines.
Je mets seulement 8 pour refléter mon peu d'affinité avec ce genre, tout simplement.
Je l'ai regardé car j'étais intéressée de ce thème d'un jeune garçon voulant faire de la danse dans un milieu viril. J'ai donc découvert, au début du film, que Billy Elliott parlait en réalité de deux thèmes essentiels : la danse, mais aussi l'Angleterre pauvre des années 1980.
Cela place le film dans un climat relativement triste (ce qui n'est pas une critique, juste un constat).
Parce que voir des personnes se batailler juste pour vivre décemment, c'est triste. Vous ajoutez là-dessus le ciel bas sur les maisons en brique des petites villes de mineurs anglaises,... hum, vous avez le topo.


Pour autant ceci est une réalité, et en tant que telle présente un intérêt.
Dans ce contexte, Billy vit avec son père, son frère et sa grand-mère. Sa mère est morte, les laissant globalement désemparés, malheureux, dans un climat qui plus est de grève pour obtenir un simple salaire décent.
J'ai apprécié, d'autant plus avec le recul je dois dire, l'originalité de la manière dont il "entre en contact" avec la danse. Pas tant dans la situation (un cours de danse à côté d'un cours de boxe par manque de moyens de la prof de danse), que dans l'approche du garçon, sa personnalité.
L'interprétation de Jamie Bell est bien sûr particulièrement remarquable mais au vu des récompenses du film lors de sa sortie et de la carrière de cet acteur ensuite, il n'est plus vraiment utile d'insister sur ce point.
Je n'ai pas écouté les commentaires sur le film du point de vue de la danse (exemple : Patrick Dupont sur le DVD que j'avais), parce que je n'avais pas envie de trop théoriser ce film que j'ai trouvé très pur dans son approche, simple, assez viscéral.
Donc je ne sais pas ce qui est réaliste ou non.
Ce que pour ma part j'ai particulièrement apprécié c'est l'approche par le corps, de bout en bout du film. Au point de départ Billy danse parce qu'il danse. Ce n'est pas sans rappeler certains commentaires d'Ohad Naharin dans "Mister Gaga", qui déjoue complètement l'approche mentalo-affective par laquelle on voudrait savoir "pourquoi il danse".
Il danse parce qu'il danse. Il a toujours dansé.
Billy est pareil. Il entend de la musique et danse. Peu importe la musique. Peu importe que ça fasse "fille" ou "garçon".
Et tout au long du film, cette approche entière par le corps démonte petit à petit les a priori et les clichés collés sur la danse, jusque dans son milieu "viril" qui associé danse et homosexualité, ou danse et truc de fille.


A cet égard j'ai particulièrement apprécié d'ailleurs la mise en perspective via


son ami, lui réellement homosexuel, et le respect mutuel entre les deux garçons, la clarification sobre entre les deux ("tu sais c'est pas parce que je danse que je suis gay"), le fait que personne autour finalement ne fait d'amalgame entre eux.


Autour de tout ça, il y a tous les autres personnages : ceux qui s'en sortent plus ou moins bien, mais plutôt moins que plus en réalité, du fait du contexte social : la prof de danse, le père, le frère, la grand-mère, les autres mineurs.
Comme je disais pour moi Billy Elliott est avant tout un drame social, dans lequel un jeune garçon se révéle comme danseur. Mais le berceau du film, c'est le contexte social. C'est peut-être ce qui lui donne une originalité, par rapport à une "simple" histoire de "dépasser des préjugés dans un milieu viril". Ici il y a beaucoup plus que ça.
Par exemple, toutes les relations de Billy sont montrées avec grand soin, chacune avec ses propres "affects" particuliers, son lien à sa grand-mère par exemple, mais aussi à la prof de danse.
Pas de chichis, pas d'exagération, de la vraie affection, avec parfois une certaine rudesse aussi.


Tout cela fait de Billy Elliott un film complet, riche, et abouti.
Après, je n'en suis pas ressortie avec le sourire au visage, malgré le


"happy end" apparent, au moins sur la partie danse. Parce que bon, happy end, faut quand même le dire vite quand les mineurs doivent retourner bosser sans avoir rien obtenu après des semaines de grève.


Mais ça n'engage en rien la qualité du film.


NB : pour comprendre le titre de ma critique, il faut regarder le film :)

_LaGazelle
8
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le 3 oct. 2021

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_LaGazelle

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