Demandez à un Russe qui a connu l'époque soviétique s'il a vu Bim blanc oreille noire. Il y a de très fortes chances qu'il vous réponde oui et vous serez à partir de ce moment embarqué dans l'évocation d'interminables souvenirs ponctués de généreuses rasades de vodkas. Et le tout se terminera par des torrents de larmes.
Bref... Enfin, façon de parler parce que le film dure quand même trois heures. La question qui vient tout de suite à l'esprit est de savoir pourquoi il a obtenu l'Oscar du meilleur film étranger. Ce n'est pas qu'il ne le méritait pas, c'est juste l'étonnement par rapport au fait que son rythme lent et ses effets lacrymaux appuyés aient pu impressionner le jury américain. Ou alors y avait-il derrière un montage politique comme la Guerre froide a su parfois en produire?
S'il fallait lui trouver un équivalent dans la littérature française, je dirai "Sans Famille" d'Hector Malot, ce qui permet de situer l'œuvre comme un film de famille avec des tonnes de bons sentiments pour juguler les quintaux de malheurs qui s'abattront tout au long de l'histoire sur les protagonistes en général et sur le chien Bim en particulier.
Alors pourquoi j'aime ce film? Parce que je suis un grand sentimental et parce qu'il me plaît d'imaginer que dans le destin de Bim, les spectateurs russes qui ont tellement pleuré y ont vu leur propre vie, ballottée entre le rigorisme de façade des plans quinquennaux décidés par le Comité central du Parti communiste et l'arbitraire aveugle des gens chargés de les appliquer.