Stargnagna

En 1980 le producteur, scénariste et réalisateur Menahem Golan va nous sortir son projet le plus fou et le plus ambitieux. The Apple ou Bim Stars est une comédie musicale disco qui prend des allures de fresque de science fiction dystopique et de métaphore mystique. Le film sera un énorme four artistique, public et critique aux USA au point de pousser son réalisateur vers des pensées suicidaires, mais quarante ans après sa sortie Bim Stars n'a pas sombré dans l'oubli et le film est même devenu un monument de ringardise kitchissime au point d'en faire un film culte pour les amateurs de nanars et de bizarreries sur pellicule.

Welcome in 1994, le monde est dirigé par un producteur de disque qui n'est autre que le diable lui même et qui cherche de nouveaux émissaire lors d'un grand concours annuel de chansons (truqué forcément). C'est donc là que mister Boogalow repère Alphie et Bibi et qu'il tente de les convaincre de les rejoindre dans les arcanes de la politique du show business. Si Bibi se laisse prendre aux charmes de la notoriété et du sucés , Alphie en revanche décide de continuer seul sa route artistique envers et contre tous .

Bim Stars qui n'est sorti en France qu'en VHS au début des années 80 est un véritable festival de mauvais goût permanent que ce soit vestimentaire, musical ou cinématographique. Menahen Golan construit un univers dystopique assez hilarant (ou totalement terrifiant) dans lequel le disco régnerait en maître et absolument tous les habitants serait contraint à un flash-mob dansant journalier d'une heure d'exercice physique à la con. Même les pompiers, les loubards à moto, les ouvriers, les policiers et les chirurgiens en pleine interventions se mettent au diapason d'un signal sonore appelé l'heure BIM pour se mettre d'un coup à danser sur une immonde soupe disco et dans des chorégraphies très village people (Il manque juste un indien). Dans cette dictature du strass tous les habitants sont obligés de se coller un stickers triangulaire à paillettes sur la tronche sous peine de verbalisation et seul la musique validée par Mr Boogalow à le droit de nous casser les oreilles. Tout cet univers clinquant et ultra kitsch est donc assez amusant et le film propose un festival assez hallucinant de slibards à paillettes, de tenues extravagantes et de mauvais goût capilaire. Musicalement on est assez proche du supplice et je conseillerais d'éloigner tous les objets pointus, les vinyles et les CD de votre zone de visionnage du film tant il se pourrait que vous prenne l'envie de vous crevez un tympan ou vous trancher la carotide après avoir briser votre album préféré en morceaux contenants. Pour l'anecdote lors de la sortie du film, le vinyle de la bande originale était offert aux spectateur pour l'achat d'une place mais la pratique s’arrêtera assez vite car les spectateurs utilisaient le disque comme frisbee pour le balancer sur l'écran. J'imagine que tous les goûts sont dans la nature et que la bande original du film doit avoir ses fans (encore plus depuis que le film est culte), mais pour moi cette tambouille de mauvais reggae, de soupe disco, de glam rock moisi et de chansons d'amour sirupeuses que l'on braille au balcon sous la pluie est un supplice de presque tous les instants. La scène avec le morceaux The Apple qui montre symboliquement la belle Bibi croquer la pomme et succomber aux charmes de la politique du strass est assez hilarante avec son esthétique désuète de l'enfer peuplé de petits gros avec des tronches de cochon en peluche se dandinant dans des futals en cuir trop serrés avec des sorcières et des fantômes façon Salsa du démon.

Globalement le casting du film est assez convaincant même si tous les interprètes sont un peu sur un registre over the top voulu par la nature même de leurs personnages. Vadek Sheybal (Bons Baisers de Russie – Scorpio) incarne avec le personnage de Boogalow un diable séducteur et manipulateur plutôt convaincant, la jeune Catherine Mary Stewart offre toute son innocence à la candeur crédule de son personnage de Bibi et George Glimour, même ce sera son unique rôle au cinéma, incarne le parfait dernier beau gosse romantique, rebelle et idéaliste dans le rôle d'Alphie. D'ailleurs dans BIM Stars plein de personnages ont étrangement des prénoms en i avec Bibi, Alphie, Pandi, Dandi à tel point que j'attendais de voir débarquer Riri, Fifi et accessoirement Loulou. Mais le top du top reste le final du film qui voit débarquer dieu lui même en Rolls-Royce blanche descendant du ciel pour venir guider les réfractaires au disco vers le paradis, cette procession de hippies marchant par deux vers les nuages ressemble à une mauvaise publicité évangéliste aux trucages vidéos approximatifs que l'on regarde avec un sourire de béatitude cosmique.

Bim Stars est devenu un film culte au fil du temps, il est à la fois adoré par les amateurs de nanars et les amateurs de disco kitsch un rien ringard. Menahem Golan espérait peut être trouvé sa place au panthéon du septième art quelque part entre West Side Story et Metropolis , il restera entre Kiss Contre Les Fantômes et Starcrash, mais finalement peu importe à quel titre l'important est de ne pas être complétement oublié.

Ma Note Nanar : 06/10