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Si vous aimez les gens, si vous aimez les oiseaux, alors vous aimez le cinema !

Œuvre légère, le dernier-né de Pascale Ferran, cinéaste du plan survolté, est une belle parenthèse enchantée qui se place à la quatrième place d’une filmographie intensément courte. Bird People où la grâce démystifiée !

Il y a Camélia Jordana dans ce film. Étrange de commencer une critique en soulevant ce détail, mais souvenez-vous d’une de ses chansons, J’étais une fille. A un moment donné, quelque part dans le texte, elle dit clairement : « Je regardais les gens vivre ; En me disant ce n’est pas pour moi ». Et là, impressionnant de relier inconsciemment les mots de la chanteuse aux intentions de Pascale Ferran, du film. Car ces « gens qui vivent », la cinéaste leur fait un clin d’œil magnifique, et ce dès la séquence d’ouverture. On les suit dans un train, dans une gare, en extérieur et on finit par écouter leurs pensées. La scène est belle et émouvante à la fois, car quelque part, on peut s’y retrouver. Puis, Ferran en choisit deux. Au hasard ? Le cinéma est fait de choses censées se rejoindre, alors la cinéaste la choisit, elle, lui fait les yeux doux et enregistre son réel. Face à elle, lui. En transit. Sur le point de tout plaquer. Calé dans sa chambre d’hôtel, il prend des décisions, agit et boit beaucoup. Il est « cool ». Quand on jette un coup d’oeil sur l’affiche du film, on la voit dans une chambre. Derrière, un avion qui atterrit. Pour l’autre, il va décoller. Il est donc logique que ces deux visages se croiseront. Logique.

Le Phénix

Le texte, c’est la base. Toujours revenir sur les mots. Ceux du dossier de presse sont précis. Que disent-ils ? Ceci : « Le phénix ne retrouve sa jeunesse que s’il est brûlé, brûlé vif, jusqu’à se faire chaude et floconneuse cendre. Alors le frêle remuement d’un frêle être nouveau dans le nid au duvet léger comme cendre qui vole montre qu’il a retrouvé pareil à l’aigle sa jeunesse, Immortel oiseau. ». En les lisant, ça forme une musicalité, une symphonie, quelque chose qui oscillerait entre apaisement et surnaturel. Ces mots sont de D.H. Lawrence. Ces mots donnent une trame, un indice qui permettrait de comprendre l’intention magique de Pascale Ferran. Car, difficile de s’y retrouver dans son dernier puzzle filmique, où chacun a ses raisons, sans que l’on sache réellement s’ils ont raison d’agir ainsi. Surtout aux yeux des autres. De ceux qui forment, inconsciemment, le groupe où l’on accepte le conformisme voire le formatage. Voilà où Bird People se ramasse. Dans un flot violent de filmage doux, où chaque plan résonne comme un baiser volé. D’où cette atmosphère en suspens, d’où cette « fausse » simplicité narrative, d’où bien évidemment un jeu d’acteur étrangement sobre comme si les interprètes cachaient leur ivresse conséquente. Ferran, de ce point de vue, touche juste.

Car ce qui intrigue et amuse à la fois la cinéaste, c’est la vie qui bute contre un mur et tente de trouver un moyen de le contourner. A défaut d’y arriver, la vie préfère donc se lancer dans un projet plus hasardeux : construire son propre mur. Exemple, lorsque cette jeune femme de chambre d’un hôtel situé près de l’aéroport de Roissy, se retrouve sur cette terrasse, en pleine nuit, elle ne se doute pas que ce lieu qu’elle habite va changer, que sa vie sera dorénavant rythmée au son des battements de son cœur, et surtout au bruissement d’une renaissance. Tel le Phénix chanté par D.H. Lawrence. A ce instant, Bird People justifie le sens de son titre, de l’affiche du film (deux personnages, une segmentation les montrant dans une chambre, pas dans le même cadre, mais on devine qu’ils se rejoindront), et surtout, de ces 45 dernières minutes où le spectateur devra mettre de côté sa « soi-disant » logique pour attraper au vol ces « gens qui tentent de vivre ».
cinematraque
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le 19 mai 2014

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