Le moineau et le morceau de sucre

C'est l'histoire d'un Américain qui se sent comme un morceau de sucre dans un verre d'eau et d'une Française qui se prend pour un moineau. Ces deux-là vont, à coup sûr, se rencontrer. Mais en attendant le dénouement du conte, ils vivent leur destin séparément, dans le même hôtel 4 étoiles de l'aéroport de Roissy.

L'homme, trentenaire de la Silicon Valley, se paie, une nuit, une furieuse crise d'angoisse alors qu'il est en transit au Hilton entre deux rendez-vous dont dépend l'avenir de sa start-up. A grands renforts de whisky et de cigarettes, il prend son courage dans une main, son portable dans l'autre et il plaque tout à distance: job, femme et enfants.

Au terme d'une scène longue comme un trajet Paris-San Jose, "l'amère loque" crache à son épouse, via la webcam (rupture technologique), qu'il est tout désolé mais qu'il se sent comme un morceau de sucre qui fond dans un verre d'eau. Il préfère agir avant qu'il ne soit trop tard. On le comprend...

De son côté, la jeune Française (charmante Anaïs Demoustier) traîne son spleen et sa solitude de son mini-appartement parisien jusqu'à l'office du Hilton, en bonne bonniche qu'elle est. Et pendant que le riche Américain revend les parts de sa boîte pour partir à la pêche, comme jadis avec pépé dans le Montana, la pauvre fille n'a guère les moyens d'en faire autant.

Heureusement il y a la poésie de Pascale Ferran. Plutôt que d'en faire une rebelle qui braquerait un riche client, ou qui, de colère, égorgerait sa pimbêche de supérieure, la réalisatrice fait de son héroïne un oiseau. Un piaf. Un bon gros moineau parisien.

Et voilà la belle Anaïs qui se transforme en boule de plumes et, une fois l'effet de surprise passé, survole Paris dans un grand souffle de liberté ponctué de petits rires niais. Parce que toute cette liberté, ça fait chavirer le cœur...

Le film est long, lent, les scènes souvent convenues. Ce conte, qui dénonce assez bien la folie des hommes qui vivent comme des automates, se perd dans une poésie un peu mièvre là où on aurait aimé un peu plus de nerf politique.

Mais finalement, c'est vrai qu'on a autant de chance de rompre avec nos vies de cloportes que de se transformer en moineau.
wallace
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le 10 juil. 2014

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