Birdman c'est l'histoire de Michael Keaton, comédien qui par le passé interpréta le rôle de Batman, un super héros qui le rendit célèbre, hanté par le personnage, et en quête de reconnaissance il décide de revenir sur le devant de la scène en acceptant de jouer dans Birdman, un film de Alejandro González Iňárritu ou il interprète Riggan Thomson, comédien qui par le passé interpréta le rôle de Birdman, un super héros qui le rendit célèbre, hanté par le personnage et en quête de reconnaissance il décide de revenir sur le devant de la scène en choisissant d'interpréter et de mettre en scène une pièce de Raymond Carver. Cette idée et cette métaphore sera donc le grand défi de Iñárritu , ce défi de brouiller les pistes entre réalité et fiction, entre Michael Keaton, Riggan Thomson et le personnage que celui ci interprêtera, sur les planches dans son adaptation de Carver. Cette mise en abîme sera donc le defi constant et permanent du réalisateur pour semer la confusion dans la tête du spectateur à la mesure de la confusion qui règne dans la tête de son acteur. Alors quoi de mieux dans la forme que le plan séquence pour illustrer cette idée ? Ce n'est donc pas un hasard et certainement pas de l'esbrouffe d'avoir choisi cette immense (faux) plan séquence, car cela permet à Iñárritu de brouiller les frontières et de passer des coulisses à la scène, de la réalité à la confusion mentale, du réel au fantastique, du cinéma au théâtre, de la vie à la comédie, c'est d'ailleurs cette idée qui sera parfaitement illustrée par le personnage de Norton qui clame, à qui veut bien l'entendre, en toute sincérité, que le seul endroit où il ne ment pas: c'est sur scène. Le film jouera donc constamment cette confusion de manière chaotique et le fameux plan séquence fera passer cette idée de manière linéaire, nous sommes donc bien les témoins de cette confusion, dans le même plan de manière visuelle et concrète, témoin du chaos mental de Reegan, personnage bipolaire.
Mais passons un peu sur la forme pour parler du fond car dans ce fourmillement visuel et chaos formel le film abordera le même fourmillement chaotique d'idées et de thèmes, passant d'une idée à l'autre, subitement, il abordera des thématiques aussi profondes que l'amour, le mariage, la paternité, la reconnaissance, le talent, la désillusion mais surtout le besoin d'être aimé pour ce que l'on est. Cette idée traversera le film de facon récurrente car Reegan veut etre reconnu et aimé par sa femme , sa fille, son public, la critique. Cette frontière, entre fiction et réel, sera franchie plusieurs fois dans le film, mais elle atteindra son paroxysme dans la formidable scène où reegan le prononcera sur scène concrètement et dans le texte à travers le personnage qu'il incarne, alors cette idée sera fatale pour les deux: l'acteur et l'homme. Comble de l'ironie, et en réalisant cet acte sans retour il aura, tour à tour de nouveau la reconnaissance du public et de la critique. On peut même pousser un peut plus le délire en constatant que Iňárritu décrochera l'oscar du meilleur film au moment où se dégage une impression de règlement de compte avec Hollywood et son système.
Pour conclure, Iñárritu n'est pas seulement un grand metteur en scène mais c'est aussi un formidable directeur d'acteurs car ils sont tous ici remarquables, formidables, une troupe incroyable de comédiens et leurs talents. Iñárritu a su le mettre en avant : incroyable Norton, émouvante Emma Stone, boulversante Noemy Watts, et si le défi de Iñárritu était de remettre Michael Keaton sur le devant de la scène, on peut avouer que c'est réussi.
Alors, là où Mulholland drive nous parlait d'innocence, d'espoirs, de rêves de gloire dans la cité des anges et de percer à Hollywood, Birdman nous parle de désillusions, de désespoir, de gloires passées à New York et de Comeback à Broadway ... Mais dans les deux cas, la critique est acerbe, le propos bien cynique et le constat bien triste. Il y a néanmoins une note d'espoir à la fin du film: et si tout cela n'était qu'une fable pour s'envoler vers le succès, et là peut-être est-ce discutable ???...

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