"Birman", Inarritu et Keaton prennent leur envole !!!
« Birdman », l’un des grands favoris de la prochaine cérémonie des Oscars, signe le retour au cinéma du réalisateur mexicain, Alejandro Gonzalez Inarritu. Après une trilogie à la narration innovante (« Amour Chienne », « 21 grammes », « Babel ») récompensée à de nombreuses reprises et un film cannois (« Biutiful »), Innaritu bouleverse une nouvelle fois les salles obscures avec cette fresque fantasmée sur la question du soi et du sens de la vie, thème cher au réalisateur.
« Birdman » est un long plan séquence de 2h, étirant au maximum l’intensité de ses scènes à travers une mise en scène audacieuse et virtuose d’Innaritu. Foutraque et complètement halluciné, ce spectacle fantasmagorique provoque une rupture dans la temporalité au cinéma. Artificialité et effets frivoles sont exploités afin de donner une imagerie intemporelle et une dimension irréelle à cette longue odyssée de l’identification. Ce personnage à l’hétérogénéité schizophrénique, à la recherche de la personnification et d’une inéluctable volonté de s’imposer comme une unicité, échappe lui aussi, à toute réalité. « Birdman » se place alors comme étant un film sans réel identité, voyageant constamment entre l’illusion et la réalité, sans jamais prendre de parti pris. La critique et la vision réaliste, quelque peu sarcastique du monde du spectacle et de la célébrité constituent, elles aussi, une dichotomie parfaite entre sa superficialité et sa cruauté symbolique. A travers la pièce de théâtre mise en scène par Reegan (Michael Keaton), on ressent un certain émoi poétique, tout en déformant la réalité, créant un parallèle, une cohésion avec sa vie, jusqu’au coup de théâtre final, qui opère comme une collision entre les deux. Une grande force du film est d’ailleurs, d’arriver à amonceler une pléiade de thèmes et de les entrecroiser avec cohérence, arrivant à les parcourir chacun avec une certaine réussite. Le scénario, bien que classique, est écrit intelligemment, créant une véritable symbiose entre ces thèmes. Mêlant humour subtil de part certaines des situations, émotions à travers les enjeux dramatiques et le personnage principal (Keaton, absolument génial), artiste dingo-dépressif tiraillé entre son rôle de père et son rôle de star déchue, le tout orchestré par un thème musical (assemblage de percussion et de musique classique) terriblement prenant, et vous obtenez le meilleur film de ce début d’année. Sans dénigrer son côté scénaristique « Birdman » est avant tout une claque visuelle et technique, ce n’est pas un film grand publique, quoiqu’un peu « main Stream » à certains moments (les relations entre les personnages sont parfois un peu trop caricaturistes, gavées de bon sentiments enfantins), et je vous conseille vivement d’aller le voir rien que pour l’expérience cinémathographique. Un grand film !!!