(L'incroyable vertu du spoil.)
Premières images. Ce slip ! Je peux officieusement mourir en paix ! Après celui de Bryan Cranston, mes plus beaux fantasmes de lingeries masculines sont encore une fois assouvis, je suis alors en plein désastre de subjectivité par rapport à ce film. D'autant plus que ce morceau de tissu, soit dit en passant, pue ! Si si ! Je vous assure Riggan le Fou vient de nous le déclarer, ce carré de soie enveloppant le service trois pièces sent le rat mort, empestant la première scène. Mais bon, on le pardonne, Riggan à beau puer de l'entre-jambe, ce bougre est capable de voler.
Je le comprends tout de même qu'il veuille prendre un instant de repos en lévitation dans la crasse et la pénombre, dehors la révolution démarre, les partisans du bon œil crie au scandale et à l'inutilité de tout filmer d'une traite. « C'EST DU FLAN, C'EST DU FLAN ! » crient-t-ils armés de leur pancarte avec l'écriteau saignant : plagiat. Les plus hardis auront cerné le jeu du mexicain ! Évidemment, ce latino se paye le luxe de prendre des personnages existant dans d'autres films, et en plus de tout cela, il vole le générique de Pierrot ! Un scandale ! Je ne vous le fais pas dire !
Comme quoi, un bol d'air frais ne fait pas toujours du bien, je resterai avec Riggan et sa puanteur, au final, ma chambre doit avoir la même odeur.
Farouchement décider à faire son come back et nourrir son ego, Riggan œuvre pieds et mains pour pour créer sa pièce à Broadway. Has-been, mauvais père et bottoxé, Riggan souhaite crever son abcès qui grossit douloureusement depuis maintenant quelques années. Hanté par Birdman et la presse qui ne voit qu'en lui qu'un pauvre volatile déplumé, Riggan peine à trouver son équilibre et n'arrive pas à extérioriser sa douleur.
Il s'isole dans ses pensées, sa réalité se contracte et se dilate au rythme du Horla qui vient nourrir son humeur noire. On le suivra sans interruption dans les coulisses du théâtre. Parfois déployant ses ailes, le film se révélera planant, puis, au contraire cette histoire sans pause viendra nous étouffer dans des dialogues qui déchirent les personnages, qui rendent les relations d'avantage difficiles. Le paradoxe de deux monde s'avérera un moteur redoutable pour nous faire plonger la tête la première dans cette univers qui tend vers des contrastes violents. Que ce soit l'esprit diptyque de Riggan, la dualité entre les personnages, où le passé qui se heurte au présent, notre vision suffoquera devant cette violence omniprésente qui semble peu à peu paralyser ce monde pourtant si libre aux premiers instants du film.
BFM est sur les lieux du crime, il semble que la mafia mexicaine a encore envahi Hollywood cette année. L'équipe safarico-journalistique se précipite pour interviewer le réalisateur. Il leur rétorqua violemment que ce n'est pas parce que l'on mange des fajitas que l'on perd le droit de porter une statuette en or. Pour ma part, je pense que ce n'est pas un mal qu'il est gagné le Jackpot, entre le super-héros badass et le baveux en fauteuil roulant, le choix est rapidement fait, et puis ce patriotisme ne me concerne pas, j'aime beaucoup trop ma propre personne pour manifester un intérêt pour ma nation.
Où en étais-je déjà ? La mafia mexicaine. Cette boutade digne du plus grand meublage de tout les temps m'a permis de réfléchir d'avantage à ce que j'allais écrire d'ici peu. Allons-y.
Oh le con ! Il est tellement excité à l'idée de faire sa représentation qu'il va se retrouver avec le mas levé en direct.
Je vous entends venir, je pourrai faire une nouvelle thèse sur la lingerie de ce bon vieux Mike, ce jeunot prêt à dépouiller notre dindon adoré pour lui prendre sa place. Pas cette fois. De toute façon, il n'est pas de taille face à Riggan.
Néanmoins, ce saltimbanque demeure tout de même très intéressant, isolé lui aussi de l'extérieur on pourrait se demander s'il n'aurait pas un oiseau en lui prêt à surgir à tout instant dès que son corps se livre à la scène. Il souffre de l'éloignement des feux de la rampe, mais comme Riggan, derrière cet égo qui forge une façade inviolable se cache réellement Mike qui arrive qu'à s'exprimer que sur scène. Dès que les coups de bâtons à l'annonce du levé de rideau retentissent, Mike enlève son costume et son masque et se dévoile en incarnant un personnage que la réalité ne lui permet de révéler : lui-même.
Iñárritu viendra canaliser son énorme plan-séquence, de séquence très courtes, subliminale et symboliques au début puis à la fin du film.
Ces courts plans nous rappelleront les forces obscures qui tirent notre personnage principal dans le gouffre où ses pensées sont hors de contrôle. Comparé à la fois à une météorite se crashant sur notre sol où une méduse échouée sur la mer, Riggan a peur. Peur, que Birdman lui colle à la peau jusqu'à sa mort, peur de finir dans le placard qui lui est destiné depuis son succès dans les grosses productions de super-héros. Il prendra alors son envol, en se jetant depuis la fenêtre d'hôpital. Cette action sera signe de désespoir pour certains, sous les sirènes des pompiers et ambulances ramassant les morceaux de chairs étalés sur le sol, pour d'autres il prendra un envol livrant un ultime orgasme de liberté à l'audience qui sera capable d'applaudir Riggan à titre d'acteur et non à titre de son rôle pour Birdman.
On pourrait voir au travers de cette fin ouverte un conclusion inachevée, comme si le réalisateur refusait de nous livrer les dernières pièces du puzzle qu'est Birdman. D'autres pourraient admettre que cette fin est illogique par rapport aux personnages. Je pense qu'au contraire cette fin vient nourrir l'approche paradoxale de l'esprit humain, le tout et le rien sont mêlés, les changements radicaux d'attitude et le fil de penser peu structuré de l'encéphale prennent place dans cette dernière séquence. Non, Riggan n'est pas schizophrène, non, sa fille n'est pas victime d'hallucinations, non Mike n'a pas un égo surdimensionné, ils sont juste foutrement humains.
Ils sont hors de contrôle et peuvent eux aussi s'envoler à tout moment.