Sans excès, sans prétextes
Commençons par l'aspect technique de la réalisation tout simplement remarquable qui n'a rien à envier à Alfonso Cuaron ou Martin Scorsese en étant un interminable plan séquence dés la première minute du film jusqu'aux 5 dernières minutes, la prouesse technique de réalisation est là et elle est impeccable si on laisse de côté les soucis d'étalonnage nécessairement voulus.
Le film raconte l'histoire d'un ancien acteur de Blockbuster souhaitant en quelques sortes redorer son image en mettant en scène une pièce de théâtre dans laquelle l'histoire du héros semble de plus en plus coller à sa propre vie.
En parallèle l'auteur en profite pour établir une critique des réseaux sociaux et du monde des stars sans être drastique. C'est simplement un constat du ressenti actuel de chaque personne vis à vis du reste de la société et cela fait qu'on pourra facilement s'identifier au personnage principal mais aussi aux autres. Il montre rapidement avec efficacité l'absurdité de l'engouement pourtant éphémère des blockbusters avec de rapides scènes d'actions et mentionne les critiques sur l'art, les médias et les critiques dans des dialogues plus que mémorables interprétés par une équipe de choix.
Chaque acteur est à sa place et joue de manière très juste, on y croit à 100% en dépit de l'aspect déjanté de la réalisation et des dialogues. Au delà de ça, rien n'est fait avec excès, Keaton semble faire du Nicholson, les insultes et les remarques crues volent mais le flux continu est suffisamment harmonieux pour venir surprendre le spectateur sans nécessairement outrer. D'ailleurs, si le film semble suivre Keaton au début, personne ne vole la vedette à l'autre et l'aspect omniscient de la caméra s'arrêtant d'ailleurs parfois sur le percussionniste derrière l'unique bande-son du film permet au spectateur de s'identifier à l'oiseau qui, pendant tout le film, voudrait que Riggan se lâche. On a beau être toujours dans le présent, on ressent le passé et en même temps tout ce qui se passe est là pour avoir un impact dans le futur. C'est une conception de la narration assez inédite qui prend d'ailleurs une tournure intéressante lors de la scène finale.
Je ne me suis pas ennuyé (dans le sens où je n'ai pas vu les 2h passer) dans ce film où les longueurs sont rares mais bienvenues car constituent des sortes de pauses nécessaires au repos de notre attention sollicitée à 100% par ce montage 100% dynamique.
Une expérience à tester, en salle de cinéma si possible, en VO bien entendu !