Un remake est-il prévu avec Christian Bale?
Qui n'a pas rêvé d'une seconde chance ne peut comprendre ce film. C'est un souhait destructeur, plus fort encore que l'envie de réussir, parce qu'on sait déjà ce qu'est le succès, ou pire, parce qu'on sait déjà ce qu'est l'échec. Ici, Michael Keaton s'empare de ce personnage, un acteur qui a connu son heure de gloire grâce au rôle d'un super-héro et qui ensuite est tombé dans l'oubli. Mais surtout et plus encore, il joue un acteur qui veut autre chose, car il a connu autre chose. Michael Keaton était un star avant Batman. On se souvient de Beetlejuice, mais surtout d'un nombre phénoménal de comédies où son sens du timing faisait mouche. Puis il y a eu Batman, et pour son grand malheur, ce fut un succès planétaire.
Dans la vie réelle d'Hollywood, les acteurs rebondissent à la télévision. Ici, Keaton redécouvre le théâtre. Ce n'est pas innocent. C'est à la télévision (enfin sur les chaînes à péage) qu'on trouve aujourd'hui la qualité d'écriture qui a déserté la scène, encore plus que le cinéma. C'est à la télévision qu'on prend le temps d'entrer dans un rôle, comme l'acteur est censé s'habiller au fil des répétitions des vêtements de son personnage.
C'est d'ailleurs et sans doute pour montrer la distance entre un certain cinéma et ce qu'était le théâtre et ce qu'est la (bonne) télévision, qu'Inarritu a choisi les longs plans séquences, à mille lieues de la grammaire hollywoodienne actuelle qui privilégie les plans courts, syncopés et parfois pas très logiques ni lisibles, disons-le.
L'objectif, en tout cas, est atteint, le propos passionnant, le jeu enthousiasmant (mention spéciale à Ed Norton et à Emma Stone).
Seul bémol, le film devait se terminer sur scène. Les 5 minutes suivantes sont trop explicatives (même si...)