Le Voyage Psychique du Nouveau Monsieur Oscar (Holy Motors)
Il y a deux ans, le non moins sulfureux Holy Motors débarquait au festival de Cannes, enflammant les critiques et divisant les experts, devant ce film au combien fort psychologiquement. Leos Carax, semble aujourd'hui avoir trouvé son pendant mexicain, en la personne d'Alejandro Gonzales Inarritu. Birdman, est le genre de film que l'on ne peut voir qu'une fois, mais qui en cette unique vision, vous bouleverse psychologiquement. Le montage tout d'abord est au delà de l'exceptionnel et remet une fois encore en question, les nominations aux Oscars qui semblent avoir oubliés, le montage d'un film qui fait paraître l'absence de ce dernier. Le tournage en un seul plan séquence, a pour effet, de surprendre les connaisseurs. Adieu les fondus, passage du noir au clair, exceptés une minute parmi les dix dernières, le plan séquence en continu, nous immerge dans un quotidien qui pourrait être le notre. Nous ne sommes plus narrateur externe, mais bien omniscient, et pour un spectateur, la vision du film n'est dès lors plus la même, et la surprenante vertu de l'ignorance, est en nous.
Ensuite, l'histoire en elle-même, retraçant celle d'un acteur autrefois célèbre pour avoir joué le rôle d'un super-héros (Birdman en l’occurrence, qui n'est autre qu'un Batman oiseau), et qui tente de retrouver sa célébrité en montant une pièce à Brodaway. La première partie du film retrace la difficulté d'adapter une pièce, avec l'arrivée du génialissime Edward Norton, triomphant en cette année 2015, avec Birdman et The Grand Budapest Hotel. Le Hulk de Louis Leterrier, est tout simplement surprenant, dans ce rôle d'acteur indispensable pour la réussite du film, et qui joue la star ultra gâté et pourri, se permettant tous ses désirs. Au côté de ce dernier, Naomi Watts dans une moindre mesure, mais surtout Emma Stone déchire l'écran. La Gwen Stacy, fiancée de Spiderman (encore un lien avec un super héros), joue de manière juste et spectaculaire, le rôle de la fille en sortie de cure de désintoxe, perdue dans une famille, où son père l'a "abandonné" enfant. On comprend dès lors sa nomination pour une meilleure actrice dans un second rôle aux Oscars 2015.
Enfin au milieu de tout cela, il y a Michael Keaton, le Batman et Bettlejuice des dernières années. Son rôle d'acteur déchu sombrant dans une forte paranoïa, et regardant sa vie comme un échec, est édifiante. L'acteur rentre si bien dans la peau de son personnage, que l'on a du mal à défaire Keaton de Thomson. Un peu effacé par Edward Norton durant la première partie du film (comme en fait référence l'une des scènes du film), il est la centralité de la seconde partie. Dans un va et vient illusionniste, entre son passé de Birdman, représenté par sa voix intérieure, et la personnage de Birdman à ses côtés, sa descente aux enfers, finit sur la scène du théâtre, pour une scène que l'on aurait aimé comme la conclusion du film. Mais Inarritu, rebondit une fois encore pour comparer (SPOILER) ...
le personnage de Riggan Thomson, le nez cassé, aux couleurs rouges et bleus, avec l'habit du Birdman. Enfin l'apogée survient, avec cette scène où il regarde les oiseaux, et son esprit s'évade dans une vie utopique, qu'il rêve de rejoindre. Il prend son envol, pour devenir le Birdman immortel, dont son final scénaristique passe en boucle à la télévision (en fond sonore).
Enfin, je souhaiterais ajouter une critique personnelle. Il y a un acteur formidable dans ce film, dont on a très peu parlé, et qui pourtant, aurait pu à l'instar d'Edward Norton, brigué une nomination au meilleur acteur de second rôle, et qui est Zach Galifianakis. Dans un rôle sérieux, loin de l'Alan de Very Bad Trip, qui l'avait révélé, Zach joue le rôle du meilleur ami et assistant de Riggan Thomson. Sa performance est juste, sans fausse note, jusqu'à régler la scène finale, où Thomson tombe sur scène. Il est le personnage qui s'occupe de tout sur cette pièce, le lied du film, et c'est dommageable que l'on n'ait pas plus signaler son interprétation. Dans un registre différent de ces rôles habituels, il a confirmé tout le succès qu'on lui prédisait.