Un film qui se défend bec et ongles
Innaritu réalise un film qui reprend l'histoire et le genre du film Opening Night en y injectant une dose de folie, ou alors, on peut également dire qu'il brode sur le thème développé dans Qui a Peur de Virginia Woolfe ? La référence n'est pas anodine car il maîtrise son sujet, et analyse finement le milieu du théâtre en regard de celui du cinéma et particulièrement du monde des spectaculaires blockbusters. Tout le monde aura fait le rapprochement avec les Batmans de 89 et 92.
Le résultat est plaisant et bien documenté, l'exercice est critique. A l'égard des critiques, justement, tout d'abord. A leur propos il cite Flaubert, qui expliquait grosso modo que les critiques sont des gens qui n'ont pu devenir artistes eux-mêmes. La scène ou Keaton dit ses quatre vérités à la critique numéro un de la ville pourra être jouissive pour ceux qui, comme moi, déplorent le côté étiquetage à tout va de la majorité de ses congénères, leur paresse effective traduite par le fait de rarement chercher des symboliques, des qualités techniques, la cohérence de l'histoire et bien d'autres choses oubliées par ces charmantes têtes pensantes. D'un autre côté il semble nous dire également que les blockbusters sont acceptables malgré le fait que ce soit surtout la masse de la rue et de gras américains qui vont les voir. Il ne semble pas les juger et comprend le désir impétueux de vouloir y figurer. Et surtout, il ajoute qu'un acteur de film de super-héros peut devenir un comédien de théâtre, aussi bon, voir meilleur qu'un comédien qui ne vit que pour la scène. Comédien qui au passage, est un provocateur de bas étage. Les comédiens de théâtre d'ailleurs, sont traité de manière plutôt réaliste, même si certaines attitudes sont caricaturales.
Le film a un défaut : sa distribution. Si Michael Keaton est au sommet de sont art, le reste de la distribution ne sert pas à grand chose à l'exception de Naomi Watts. Le côté performance du film avec ce long plan séquence pourra également laisser dubitatif, même si on pourra toujours saluer la prouesse technique, elle n'a pas de véritable utilité intrinsèque.
Enfin, comme je ne suis pas critique professionnel, je me suis permis de coller quelque étiquettes. J'espère rencontrer Birdman grâce à cela.