La renaissance d'un phoenix
Birdman, le nouveau film du réalisateur entre autres de Babel et 21 Grammes, est un film qu’il ne serait presque plus nécessaire de présenter étant donné l’engouement qui s’est créé à son sujet au cours des mois qui ont précédé sa sortie, dont l’apogée fut la récente cérémonie des oscars. Après avoir remporté les prix de meilleur film, meilleur réalisateur pour Iñárritu, meilleur scénario, meilleure photographie et presque meilleur acteur pour le comédien principal Michaël Keaton, il n’est pas exagéré de dire que le film a fait sensation. C’était donc LE film à attendre !
Birdman montre le parcours d’un acteur déchu (Riggan Thompson), célèbre au début des années 90 pour avoir incarné un superhéros dans une série de blockbusters à succès, qui tente de remonter la pente en mettant en scène une pièce de théâtre de Raymond Carver à New York. Au cours des dernières 72 heures qui précèdent la première de la pièce, les événements cruciaux vont s’enchaîner faisant ainsi basculer le destin de l’acteur.
Birdman est un film d’une rare audace, brillant aussi bien des choix de mise en scène du réalisateur que du jeu des acteurs ou encore du rythme soutenu et intense, grâce notamment aux solos de batterie joués à plusieurs reprises au cours du film, qui maintient une tension constante d’un bout à l’autre du film. Il est également important de mentionner l’un des éléments autour duquel le film a fait sensation, c’est-à-dire le fait qu’il soit joué comme un seul plan-séquence. Un aspect essentiel de la mise en scène qui déjà à lui seul tend à donner un rythme frénétique à ce film tout en gardant une fluidité et une clarté tout simplement majestueuse.
Le film brille également par son écriture. L’histoire est simple mais la manière choisie par Iñárritu de la raconter donne à celle-ci une dimension héroïque et exceptionnelle. À ce titre, le script semble véritablement avoir été écrit pour son acteur principal, Michaël Keaton, tant les aspects de sa vie ressemblent à ceux de son personnage. N’allons peut-être pas jusqu’à dire que Keaton est un acteur déchu, mais à l’instar de son personnage la majorité des spectateurs ne se souviennent de lui non pas uniquement pour un, mais deux rôles qui ont eux aussi précisément marqué la fin des années 80 et le début des années 90 : Beetlejuice et surtout les deux Batman de Tim Burton. Ce n’est donc pas peu de choses que de dire que durant la totalité du film on peut véritablement sentir Michaël Keaton habité par son rôle. L'avatar de Riggan Thompson, ce Birdman héros du passé à la fois un peu effrayant mais surtout ridicule est là avant tout pour lui rappeler de manière incessante les aspects de sa vie passée qui a empoisonné petit à petit sa gloire naissante, l'empêchant ainsi de se renouveler et poursuivre son métier d'acteur comme il l'entendait. L'ancrage de ce passé est ainsi nettement mis en avant par la folie / le rêve qui submerge continuellement Riggan Thompson croyant, ou préférant croire, être réellement devenu cet avatar qu'il a un jour incarné.
Entre tentatives pour sauver ce qui lui reste de sa famille et de sa carrière tout en parvenant à chasser la petite voix du lointain succès aujourd’hui apparemment évaporé, la prestation de Michaël Keaton est d’une émouvante justesse. Autour de lui gravite les autres personnages liés à cette histoire qui semble tous tirer quelque chose d’une manière ou d’une autre de ce parcours initiatique mené par Riggan Thompson, renaissant de ses cendres pour prendre un nouvel envol vers la gloire. À ce titre, les prestations des acteurs qui entourent Riggan Thompson sont elles aussi bluffantes, notamment Zach Galifianakis totalement méconnaissable dans un rôle à contre-courant de ce qu'il a pu jouer jusqu'à maintenant, et Edward Norton excellent en acteur prétentieux et sûr de lui.
Un très grand moment de cinéma. À couper le souffle !
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