Après avoir offert ce qui est encore aujourd'hui l'un des pires films de super-héros de l'histoire avec Suicide Squad (inutile de revenir sur la production chaotique et les raisons de cet échec, tout le monde à son avis sur la question), le DCU a tenté de se relever péniblement avec un Aquaman accompli et un Shazam fun mais traînant trop sur les plates bandes du MCU mais suffisant pour offrir une continuité à cet univers cinématographique. Et c'est à Harley Quinn que revient la lourde tâche de continuer dans une lancée nettement plus positive que ce qu'a pu proposer cet univers. Malgré des défauts clairs, cette aventure est relativement réussie à défaut d'être vraiment accomplie.
Ce film possède une position difficile: il est directement lié à Suicide Squad même s'il n'est pas clairement dit que ce film en est la suite. En quelques sortes, c'est la suite de la romance entre le Joker et sa ravissante psychiatre. Et le film ne laisse aucune place au doute, les deux personnages ne sont plus ensemble. Ce film est une forme d'émancipation pour le genre: de manière générale, difficile de trouver un film de super-héros qui ne compte pas dans ses rangs des personnages masculins plus important que les personnages féminins. Non seulement le personnage s'émancipe de son protecteur mais c'est surtout le film qui s'émancipe de tout héros masculins. C'est donc un film important pour le genre car il vient démontrer que les super-héroïnes peuvent largement faire le poids en comparaison de leurs comparses masculins. Néanmoins, le film manque d'impact pour offrir une émancipation total.
L'arme principale de cette émancipation est sans nul doute l'humour: on se rapproche vraiment de ce que Marvel a fait avec Deadpool. Le film présente un côté irrévérencieux assumé à la perfection, voir trash par moment et ce n'est pas pour nous déplaire. Cela donne un ton violent bienvenue surtout quand on pense au fait qu'Harley Quinn est un méchant dans l'univers de DC. Il y avait donc ici un piège: faire de ce personnage emblématique un gentil, comme fut l'erreur principale de Suicide Squad au final. Mais, le film parvient à contourner ce piège en nous montrant bien que les actions d'Harley ne sont pas des bonnes actions malgré le fait que le tout à l'air d'être vraiment cool. Aucune des actions ne sont justifiées comme si c'était une bonne chose. Harley agit mal et dans son intérêt, elle fait beaucoup de mal dans le film et le film tient bien compte de ce côté-là. Même si clairement, elle passe pour la gentille, ses actions et faits ne présentent pas une bonne personne voulant faire le bien.
Autre élément fort du film: c'est une réalisatrice qui a eu la tâche de mettre en scène cette histoire, une réalisatrice très peu expérimentée dans le milieu. C'est donc un saut dans l'inconnu pour Cathy Yan qui se retrouve face à un énorme budget d'entrée de jeu et honnêtement, elle s'en sort vraiment bien. On va revenir une nouvelle fois à la comparaison avec Suicide Squad mais la réalisation était plate alors qu'ici, ce film est vraiment surprenant en termes de réalisation: certes, il y a une utilisation massive du ralenti (peut-être trop par moment d'ailleurs) mais, on retrouve des séquences vraiment surprenantes notamment celle au poste de police qui est particulièrement réussie.
Pour finir, ce Birds Of Prey est un film intéressant malgré des défauts clairs. Margot Robbie est toujours gracieuse dans ce rôle qui lui va si bien. Ce n'est clairement pas le meilleur film du DCU mais il a le mérite de proposer quelque chose de neuf et de prendre des risques en termes de réalisation.