Attention, cette critique contient de petits spoilers
On le savait déjà avant mais c'est encore plus évident maintenant, DC a définitivement abandonné l'univers sombre et torturé qu'ils avaient tenté de construire au début avec Man of Steel et Batman V Superman, pour à la place produire des films plus légers qui s'apparentent à des comédies. Le film qui a le plus marqué ce changement de direction est Justice League et le départ de Zack Snyder qui n'est désormais plus impliqué dans cette saga. Depuis, il y a eu Aquaman et Shazam! qui par bien des aspects se rapprochaient des films Marvel. Et maintenant donc Birds of Prey (Et la Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn), une sorte de suite/spin-off à Suicide Squad mais qui finalement n'a pas grand chose à voir avec le film de David Ayer. Même si Suicide Squad était lui aussi teinté de comédie, il y avait toujours derrière le même univers que dans Batman V Superman. Birds of Prey quant à lui coupe ce dernier lien, pour le meilleur et pour le pire.
Pour le pire tout d'abord avec un développement des personnages assez limités. C'est notamment le cas de Huntress qui nous est présentée dans un petit flashback sans avoir de scènes fortes pour elle avant et qui arrive ensuite pour le grand final un peu comme un cheveu sur la soupe. Il y a également Roman Sionis, alias Black Mask, et ZsasZ, son bras droit, qui sont presque des caricatures de méchants. Tout ce qu'il faut savoir sur eux c'est qu'ils sont méchants et qu'ils veulent de l'argent.
A côté de ça, le film n'échappe pas à quelques facilités scénaristiques. Il y a par exemple la scène où Harley Quinn s'introduit dans le commissariat. Alors certes, la scène en elle-même est plutôt jolie avec son mélange de couleurs grâce aux fumées et l'action est bien filmée, mais ça semble tout de même improbable qu'une seule femme munie d'un simple fusil soit capable de se balader aussi aisément dans un commissariat avec très peu de résistance en face d'elle, alors qu'on sait qu'il y a plus de monde que ça en vraie dans le bâtiment. Un autre exemple, c'est la scène où Harley Quinn est capturée et sur le point de se faire tuer par Black Mask, jusqu'à ce qu'elle propose d'aller récupérer le diamant pour lui, prétextant qu'elle est la mieux placée pour le job. Il la libère donc mais envoie ensuite des mercenaires à ses trousses pour récupérer le diamant avant elle et la tuer. Cette décision n'a pas vraiment de sens, autant tuer Harley directement au lieu de la relâcher. Mais il fallait bien maintenir Harley Quinn en vie pour le reste du film.
Cependant, malgré son écriture un peu bancale, le film se rattrape par sa narration, son style décomplexé et la chorégraphie de ses combats. Les deux premiers points découlent directement du personnage principal, Harley Quinn, qui est celle qui raconte l'histoire. Et puisque Harley est complètement désordonnée et un peu tarée sur les bords, cela justifie les allers-retours constant dans la narration, passant d'un personnage à un autre et d'un flashback à un autre, ainsi que la destruction du quatrième mur. Cela donne une petite particularité au film qui sait que son histoire n'a rien d'exceptionnelle mais qui tente quand même de trouver un moyen de la raconter de manière originale. L'humour qui en ressort fonctionne pas trop mal et globalement le film se montre plutôt sympathique à regarder. Ça ne ressemble plus vraiment à du DC, certes, mais on ne peut pas non plus dire que c'est du Marvel. A la rigueur, on pourrait rapprocher ça à Deadpool mais il est lui-même à part.
D'ailleurs, à la manière de Ryan Reynolds qui lancé, produit et donné vie à Deadpool, Margot Robbie a également lancé le projet, elle l'a produit et elle est évidemment son interprète. Elle s'est appropriée le personnage et elle est génial dans ce rôle. C'est une actrice brillante qui se montre impeccable alors que le personnage n'est pas facile à jouer, on peut rapidement tourner au ridicule mais elle s'en sort admirablement bien.
Enfin, le dernier point, la chorégraphie des combats qui est remarquable. La réalisation de Cathy Yan est assez classique mais elle se débrouille très bien pour les scènes d'action. Il y a plein de ralentis sans que ça fasse de trop et les combats sont bien filmées avec en plus des petites touches de violence pas désagréables. Il y a notamment la scène dans la salle des pièces à convictions qui fait son petit effet ainsi que, et surtout, le final dans le parc d'attraction déserté qui est franchement pas mal du tout.
Birds of Prey (Et la Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn), dont le titre à rallonge est assez cool, est au final un film qui dans le fond n'a rien de vraiment inédit à proposer. Il se rattrape donc sur la forme en racontant son histoire classique de manière plus osée et ça passe plutôt bien. En plus, les scènes d'action sont pas trop mal fichues. Harley Quinn est un personnage atypique et drôle et ce ne serait pas de refus de la retrouver dans un nouveau film. C'est d'ailleurs excitant de se demander ce que James Gunn pourra en faire dans sa version de The Suicide Squad.