Birth
6.8
Birth

Film de Jonathan Glazer (2004)

On retrouve dans Birth, le même traitement du caractère féminin principal, ainsi que sa relation avec ce qu’on peut qualifier de science fiction ; qu’on a pu observer dans le film qui sortira dix ans plus tard : Under the skin. Des personnages aux premiers abords froids, mais qui finalement délivrent des émotions au fur et à mesure du film, nous permettent de suivre l’histoire avec elles, nous laissant néanmoins avec plusieurs questionnements à la fin.


Ce qui est le plus marquant dans le film Birth, c’est l’impression que ce qui arrive est totalement probable alors qu’il s’agit d’une situation extraordinaire, puisqu’on parle ici d’une réincarnation d’un homme dans un garçon de 10 ans. Les réactions d’Anna sont vraisemblables et pourraient être celles qu’une personne ayant encore du mal à tourner la page pourrait avoir. Comme repassant par les étapes du deuil, le déni, la colère, puis l’acceptation, Anna nous donne envie de croire que c’est possible, malgré le fait que le réalisateur nous fasse douter grâce à quelques scènes suspectes entre les amis du défunt et le petit. Quant à l’entourage, ceux qui n’étaient pas aussi proches de Sean, ils ont eux aussi des réactions logiques et justes, que ce soit de l’incompréhension, de la colère ou un instinct protecteur vis-à-vis d’Anna.


En parallèle, le fait d’avoir pris un jeune garçon pour jouer le potentiellement réincarné est un choix scénaristique excellent. Premièrement, il rajoute encore un argument à la possibilité que ce soit véridique. En effet le mari d’Anna, Sean, est décédé 10 ans auparavant et le jeune Sean est âgé de… 10 ans. Dans un second temps, le fait qu’un enfant soit « amoureux » d’une adulte est paradoxalement courant puisqu’ils n’ont pas vraiment conscience de la dimension problématique de la différence d’âge. Seulement dans cette situation, cet «amour » est potentiellement réciproque et donne lieu à certaines scènes qu’on pourrait qualifier de gênantes puisqu’elles nous confrontent à la limite des relations entre enfants et adultes. Nous pouvons donc saluer le fait que le réalisateur ait utilisé ces scènes avec parcimonie, et qu’elles soient justifiées puisque le jeune Sean agit comme s‘il était vraiment le mari d’Anna.


Le doute qui plane est entretenu par tous les personnages qui portent chacun des secrets, ou des vices ; et par une musique qui semble tantôt joyeuse, tantôt mélancolique ; et ne sera pas entièrement levé à la fin du film. On peut penser que le personnage d’Anna, sera toujours dans une réflexion sur elle-même, puisqu’elle était prête à tout quitter pour cet enfant simplement par foi. Nous pouvons remarquer l’opposition des situations pour lesquelles elle avait le choix : soit une vie avec un enfant jusqu’à sa majorité, on peut imaginer dans une situation inconfortable, soit un mariage stable avec une vie aisée dans l’Upper East Side. Malheureusement pour le personnage principal, son mariage avec Joseph perdra beaucoup de sens, et sera toujours marqué par son deuil inachevé, ce qui nous donne un sentiment d’empathie pour ce personnage qui ne semble pas pouvoir obtenir une vie réellement paisible puisqu’elle sera toujours hantée par le fantôme de son mari.

kellimagination
8
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le 17 nov. 2020

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