On pourrait à l'instar de ses défis youtube "essayez de ne pas rire devant cette vidéo" inventer le jeu "essayez de ne pas vous suicider devant biutiful". Non pas que le film soit si mauvais qu'il vous donnerait envie de vous gober d'une traite une boite de smecta, mais disons que les thèmes abordés dans Biutiful ne force pas vraiment à la joie. Jugez plutôt : La misère, la maladie, le deuil, les travailleurs clandestins, la folie, la coupe mulet... Et j'oublie surement des trucs. Biutiful ferait passer le "Série Noire" d'Alain Corneau pour un feel-good movie !
On est vraiment très loin du Barcelone carte postal de "l'Auberge Espagnol". Ce Barcelone là est gris, triste, cacophonique. On entend constamment en arrière plan, le bruit agressif d'une télévision, d'un marteau piqueur ou d'un bébé qui pleure. Et comme, si cet amas de drame ne suffisait pas, Inarittu nous impose cette mise en scène tout en longue focale, qui étouffe et enferme le personnage comme le spectateur dans sa situation misérable.
On pourrait reprocher à Biutiful d'être un peu trop tire-larme. Certains événements dramatique viennent parfois rajouter inutilement une couche de tragique à une histoire déjà bien chargée en la matière. Ça peu avoir un coté indigeste. C'est ce qui m'a fait diminuer un peu ma note d'ailleurs.
Car pour le reste, Biutiful est un film maîtrisé de bout en bout. La mise en scène à beau avoir ce coté oppressant, elle n'en est pas moins réfléchie et cohérente. Javier Bardem est bouleversant. Il porte véritablement le film sur ses épaules. Les seconds rôles ne sont pas en reste. Que ce soit les enfants, l'ex-femme bipolaire ou la sans-papier sénégalaise. Tout sonne vrai.
C'est toujours difficile de noter un film incontestablement bon, mais dont le visionnage peut se révéler particulièrement pénible. C'est bien, mais ça vous plombe le moral pour la semaine...