Je hais ne pas comprendre. Je déteste ça, sincèrement. Fort heureusement cela ne m'arrive pas souvent (oh le vilain, il se vante!). Mais force est de constater, après le visionnage du dernier film d'Inarritu, Biutiful, que je n'ai rien compris à ce film.

Il est des performances que l'on trouve belles, magiques, enivrantes. On peut être touché par le jeu d'un acteur, boulversé par un scénario et ce qu'il évoque en nous, ou au contraire immergé dans le réel irréel créé par l'épisodique magie du cinéma.

Mais, parfois, on est mis en présence de l'incompréhensible. On guette pendant tout le film le moment où il va nous toucher. Et puis rien ne vient. Générique de fin. Ni déception, ni contentement. Absence de sentiment.

Alors on est vexé. Peut-être n'est-on pas assez sensible pour être touché? Et puis les jours passent, on se dit qu'il est temps d'écrire une petite note sur ce film, ne serait-ce qu'au vu des critiques mielleuses qui se multiplient. Et on se rend compte des faiblesses criantes de cette merde qu'est Biutiful.

La singularité du scénario tient, au moins en partie, dans son petit côté spirituel. Mais, en tentant de le banaliser au sein de sa propre histoire, de l'intégrer dans le monde qu'il décrit, Inarritu en a fait un point de détail. Un vague truc incompréhensible qu'on élimine aussitôt après avoir vu une vague ombre au plafond.

Et Bardem! Ah, Bardem! On me dit : "il est beau". Ouais. Enfin, on s'en branle. Des actrices porno sont belles sans pour autant susciter l'excitation frénétique de quelques critiques prépubères qui se croient obligés de tartiner des lignes sur une supposée profondeur poétique. Les plans sur cet acteur, au demeurant sublime, sont légion. A se demander si le projectionniste ne s'est pas endormi sur la télécommande et son bouton Pause.

Alors oui, il y a quelques petits détails qui ratrappent le tout : la relation homosexuelle des deux chinois, la mort tragique des ouvriers, le jeu de la femme bipolaire, le dilemne d'Ige. Mais ces quelques lueurs ne viennent, au final, que nous rappeler le non-intérêt de l'ensemble.

Certains films vous touchent ; d'autres révoltent, ou font réfléchir. Mais quand on passe plusieurs heures à tenter de comprendre l'incompréhensible, et qu'on se rend compte que rien en nous n'a été bougé, titillé, chamboulé, on se dit que ne rien voir n'aurait rien changé.
Diogène
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le 4 nov. 2010

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