L'intrigue du film est assez trouble, pendant le premier quart du film, on se demande vraiment dans quelle direction veut nous emmener Inarritu. Après le film, on se souvient que dans toutes ses oeuvres, le cinéaste nous a toujours parlé de la mort.
Le thème est encore abordé d'une manière différente avec Biutiful et un Javier Bardem absolument magistral. Certaines scènes sont d'une beauté et d'une poésie très rare, on est immédiatement touché aux tripes, c'est beau. Je pense notemment à la scène d'ouverture/fermeture du film et à celle entre Javier Bardem et sa fille, dans les toilettes "regarde bien mon visage, je veux que tu te souviennes de moi". C'est parfaitement joué et superbement mis en scène.
D'un autre côté, j'ai été gêné par certaines lourdeurs dans le scénario. De la même manière que dans Babel, il ya pour moi un pan entier du film qui est totalement inutile (en gros, les chinois et les sénégalais). A vouloir gaver son film de situations dramatiques, Inarritu affaiblit le noeud de son histoire et confond le spectateur en une tempête d'émotions bien trop floues. C'est le seul bémol du film; malgré les excellentes intentions (dénoncer un système qui exploite la misère des immigrés clandestins), le propos est trop lourd pour n'être qu'une annexe à un film déjà très chargé en drame.
Je regrette aussi le manque de scènes plus légères, pour aérer un peu le film et détendre le spectateur quelques instants, pour mieux le saisir à nouveau, ensuite...
Pour finir, mention spéciale aux acteurs. Javier Bardem confirme son statut de GRAND acteur. Classe, intense, beau. Sa principale réplique dans le film, Maricel Alvarez est époustouflante, un jeu d'une finesse et d'une force, absolument admirable.