Film social et politique, oui sans doute, mais surtout le parcours initiatique d'un homme, son chemin de croix pourrait-on dire, qui le transforme en héros christique dans un monde de misère rongé par la corruption, l'immigration clandestine, à l'instar du cancer qui le dévore, ne lui laissant que quelques mois à vivre.
Barcelone la belle, la solaire, a fait place à sa banlieue sinistre et grouillante: Santa Coloma où vit une importante population immigrée d'Africains, vendeurs à la sauvette traqués par la police, ou de Chinois entassés dans des ateliers clandestins, trimant du matin au soir.
Une puissante évocation du drame de notre condition qu'illustre, bouleversant et fascinant, Uxbal, magistral Javier Bardem, tout à la fois ange et démon, combinard pour boucler les fins de mois, père maladroit mais aimant, époux un peu dépassé par une femme instable et immature, terriblement touchante dans sa fragilité, superbe composition de l'actrice argentine Maricel Alvarez.
La mort, dernière étape de cette vie qui n'est qu'un passage, fait de bruit et de fureur, magnifiquement illustrée dans la scène du night-club où la bande-son à la guitare souligne la dérision de ce qu'on appelle "vivre", le désir forcené d'oublier qu'on va mourir.
Un film poignant raconté sans pathos, noir et dérangeant mais si beautiful!