Avec BlacKkKlansman, c'est le retour en force de Spike Lee. C'est très certainement son meilleur film depuis Inside Man, mais un film qui n'a toujours pas la puissance de La 25ème heure. Alors certes, Spike Lee s'appuie ici sur une histoire forte et prenante (et assez jubilatoire), mais le ton didactique du film est assez pénible par moments. En effet, le discours moralisateur alourdit pas mal le film, d'où un certain ennui qui pointe le bout de son nez à certains moments (rares ceci dit). Mais le film se rattrape sur la fin avec un épilogue qui marquera durablement les esprits. C'est un véritable coup de poing qui réveille les consciences et qui justifie à lui seul que ce film existe.
BlacKkKlansman est un gros délire sur les années 70 et un hommage appuyé à la blacksploitation. Spike Lee se moque avec délectation de ces péquenots du KKK et de leurs discours débiles. Pour cela, il s'appuie sur le décalage des situations qui sont assez savoureuses et sur des dialogues grinçants. Et à la fin, on est super contents que les gentils gagnent et puis BAM, le coup de poing final qui nous ramène à la réalité (Charlottesville, Donald Trump et le KKK en 2017). Spike Lee se montre insouciant, mais pas dupe pour autant. Le racisme existe encore de nos jours et il détruit toujours des vies. Que ce soit dans les années 70 ou en 2017, le problème reste toujours le même.
Plus haut, j'ai reproché au film son ton un peu trop didactique par moments, mais ce n'est vraiment pas très gênant. C'est parfois un peu pesant, mais c'est pour mieux réveiller nos consciences. Et puis, le film arrive assez bien à alterner entre la comédie et un ton plus sérieux/réaliste. Le triste constat sur la situation des noirs aux États-Unis dans les années 70 (et pas que dans les années 70), témoigne d'un vrai recul sur la situation de la communauté afro-américaine. Connaissant Spike Lee, qui autrefois était bien plus virulent et intransigeant sur le sujet, ça fait plaisir à voir.
Le seul gros défaut du film à mes yeux, c'est le peu d'interactions entre Ron (John David Washington) et Flip (Adam Driver). Pour un buddy movie, on reste sur sa faim. Le duo fonctionne pourtant bien et les deux acteurs sont très à l'aise sur le registre de la tragi-comédie, mais voilà, les situations les réunissant à l'écran ne sont pas assez nombreuses et leurs relations auraient pu être un peu plus développées (c'est surtout le personnage de Flip qui en pâtit le plus). Et puis le film souffre d'un manque de rythme vers le milieu du long-métrage, avant de se reprendre pour un final très réussi.
Au final, je suis vraiment content de retrouver le style de Spike Lee. Sans être un chef-d'œuvre, c'est vraiment un très bon film, intelligent, original et rafraîchissant ... et important pour réveiller les consciences.