Adam destruction massive.

Voici la nouvelle (et seule) production DC Comics qui sortira dans nos salles cette année suite aux remaniements incessants et extrêmes engagés par la Warner (la mise à la poubelle du film « Batgirl » qui a fait couler beaucoup d’encre et à raison en est le parfait exemple). Plus ou moins déconnecté d’un DC Universe qui n’a plus beaucoup de logique et dont on ne sait plus trop comment ils vont l’appréhender entre films totalement à part (« Joker » et sa future suite, eux-mêmes déconnectés de la nouvelle saga « Batman ») et productions à moitié connectée, ce « Black Adam » appartient davantage au versant plus fun de DC débuté avec le ludique, très réussi et surprenant « Shazam! », dont la suite arrive bientôt et qui est l’antagoniste futur de cet Adam. Et, malheureusement, plutôt que de suivre la lignée exacte et humble de celui-ci, on est dans un entre-deux dommageable : amusant et très divertissant par moments, ce blockbuster sur vitaminé sombre parfois dans les travers des précédents films Warner/DC Comics : la surenchère visuelle coulée dans le blockbuster bourrin et décérébré. On retirera de tout cela le génialissime « The Suicide Squad » de James Gunn honteusement boudé par le public et certainement le meilleur film du DCU à ce jour (à ne pas confondre avec l’immonde première version pleine de succès de David Ayer.

Nous voilà donc plongé dans le Kahndaq, un pays imaginaire qu’on placerait bien volontiers au milieu du Moyen-Orient (un peu l’équivalent du Wakanda africain de chez Marvel) avec ses légendes, ses mythes et ses héros. L’introduction est certes rapide et condensée mais sa reconstitution aux effets spéciaux dernier cri et à l’imagerie antique à la « 300 » ou « Les Immortels » sauce super-héros est de toute beauté. Tout comme la très impressionnante scène d’action qui va suivre, belle, lisible et qui en met plein la vue quoiqu’aux légers airs de déjà-vu. D’aucuns critiqueront l’abus de ralentis mais il semblerait que l’utilisation de cette technique soit bêtement proscrite depuis le bullet proof de « Matrix ». Mais bon, plus de vingt ans après, on peut dire qu’il y a prescription... Les séquences du même acabit (spectaculaires et aux effets visuels impeccables) vont s’enchaîner, propres et dantesques jusqu’au à la fin. Une fin en forme de bouquet final qui retombe dans les pires travers de la firme en abusant des images de synthèse flirtant presque avec la bouillie visuelle du final du premier « Wonder Woman » et de « Man of Steel ».

Sinon, au-delà de tout ce boucan hautement divertissant que se passe-t-il? Et bien l’humour potache et bien placé de « Shazam! » a bien plus de mal à exister ici hormis quelques saillies sarcastiques venant de Pierce Brosnan, impeccable en Docteur Fate. On ne peut pas en dire autant des autres membres de la Justice Society, sacrifiés sur l’autel de la surenchère d’action et de fureur. Dwayne Johsnon est parfait pour le rôle, imposant et monolithique, lui qui n’est pas un grand acteur mais au capital sympathie incontestable. Le problème de ce « Black Adam » mis en scène par l’un des plus honnêtes faiseurs d’Hollywood, Jaume-Collet Serra (les meilleures séries B de Liam Neeson telles que « Sans identité » ou « Non-stop » ou encore les très bons films d’horreur « La Maison de cire » et « Instinct de survie »), est qu’il comble par l’action le vide intersidéral de la narration. Pourtant, on sent quelques pointes étonnantes contre l’impérialisme américain et la justice à géométrie variable et un potentiel dans les personnages. Mais les exécutifs ont dû passer par là et charcuter tout semblant d’humanité et de profondeur. On se console donc avec un spectacle tonitruant et techniquement impeccable mais désespérément vide.

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