Totalement anodin et banal, ce film de série n'en demeure pas moins efficace et bien fait.

Cette chasse à l’homme (enfin à la femme ici) serait encore plus banale qu’elle ne l’est déjà si elle ne mettait pas en scène un personnage principal féminin, de couleur de surcroît. Comme beaucoup de films hollywoodiens en ce moment, le mouvement MeToo fait des émules de manière un peu trop opportuniste et systématique au point de devenir un effet de mode. « Black and blue » dorlote donc son cœur de cible, c’est-à-dire un public masculin, jeune, plutôt démocrate et ouvert aux minorités mais tentant de l’ouvrir un peu grossièrement à la gente féminine. Ce film policier manque d’ailleurs aussi souvent de tact en exacerbant le racisme ordinaire des policiers blancs contre les populations noires comme la triste actualité nous le rappelle souvent actuellement. A la limite de la caricature et du gênant. C’est presque cliché mais un policier noir corrompu tout comme un blanc finalement plus nuancé viennent (un peu) contredire ce manque de nuances. Sur le fond, s’il n’est pas nauséeux, ce film de série ne fait pas dans la dentelle et on va préférer se concentrer sur la forme et le plaisir immédiat de divertissement du samedi soir qu’il procure. En effet, de ce côté c’est carré et plutôt réussi.


« Black and blue » sera très vite oublié, ne révolutionne rien et n’apporte pas vraiment de nouveautés dans la catégorie du film policier mais peut se targuer d’être sans aucun temps mort et efficace. La mise en place est plutôt soignée, tentant de développer (un peu) la psychologie de son héroïne et l’intrigue démarre ensuite sur les chapeaux de roue pour virer à la traque d’une personne seule contre tous. On ne s’ennuie pas, fusillades et course-poursuites bien réalisées s’enchaînent de manière assez soutenue pour ne pas perdre notre attention. Mais le petit plus de cette série B anodine est son contexte. Un peu comme l’avait fait l’excellent « Don’t breathe » avec Détroit, « Black and blue » prend la ville de La Nouvelle-Orléans comme décor en prenant soin de pointer du doigt la difficile reconstruction d’une métropole dévastée par l’ouragan Katrina. Et la caméra prend bien le pouls des lieux de l’action entre maisons abandonnées, pauvreté et délinquance. Tout se déroule de manière attendue et sans accroc jusqu’à un final prévisible mais c’est sec et doté d’une bande son épique qui donne de l’ampleur à une histoire de flics corrompus rabâchée. Divertissant à défaut d’être mémorable.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 28 mai 2020

Critique lue 557 fois

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Rémy Fiers

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