J'apprécie beaucoup Paul Verhoeven mais je concède être passé à côté de ce film. Pourtant, le regard du génial réalisateur de la Chair et le Sang avait de quoi m'intéressé dès lors qu'il se penchait sur le passé de son pays, d'autant plus qu'il s'agissait de l'occupation nazie, une période trouble par excellence.

Le potentiel subversif est évident lorsqu'on s'intéresse de près aux faits : pour beaucoup de nazis les Néerlandais sont des frères. Secondo, une histoire de juifs en mode victimes de leurs compatriotes, ça sent bon la trahison et ce que fut aussi une certaine France. Tertio, un regard sur la résistance, c'est toujours excellent dès lors que l'on sait prendre le recul nécessaire sur la légende dorée créé à la libération et longtemps entretenue en mode Résistancialisme made in de Gaulle pour ne parler que de l'exemple français.

Il y a plusieurs choses à retenir de ce regard de Verhoeven. Primo, ça fait du bien de le revoir loin de ses égarements à la mode Showgirl ou de sa tiédeur étrange dans Hallow Man. Le film est classique dans son approche, dans son traitement, presque figé dans une rigueur descriptive. Il y a des longueurs mais on sent poindre la peur de ne pas tout aborder. Verhoeven veut montrer ses Pays-Bas tels qu'ils furent en cette fin de guerre. D'ailleurs c'est tellement appliqué que ça en devient presque propre ; en comparaison, la Résistance traitée par Melville dans l'Armée des Ombres, est largement au-dessus.
Pourtant, le film fonctionne. Carice Van Houten et Sebastian Koch forment un beau duo, la première apportant une touche très années 40, le second composant un officier nazi de haute tenue. Mais, surtout, le propos est terriblement juste : la collaboration, ces femmes couchant avec les Nazis pour survivre, cette résistance qui négocie, trahit, ces Juifs que l'on donne en pâture, les pillages en règles, les petits arrangements entre officiers, l'aspect surnaturel de cet anniversaire du Führer alors même que le nazisme s'effondre partout. La libération devient un moment pathétique avec ses traites devenus héros, ces femmes livrées à la vindicte populaire, ces nazis tentant de partir avec des richesses accumulées.

J'aurai préféré une approche plus crépusculaire et, disons-le clairement, bien plus sale. Mais cette copie a le mérite de sortir des sentiers battus d'une libération joyeuse et d'une résistance héroïque. C'est toujours ça de pris.
Aqualudo
8
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le 9 juin 2013

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Aqualudo

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