C’est à l’âge de 25ans que la journaliste Shiori Itō est victime de viol de la part de Noriyuki Yamaguchi, alors Directeur du bureau américain de la chaîne télévisée Tokyo Broadcasting System. C’est seule contre tous qu’elle décide de se battre pour faire reconnaître son viol, face un homme puissant (c’est un proche du Premier Ministre Shinzō Abe) et surtout, face à l’inaction de la justice nippone.
Pendant des années, la journaliste a documenté son combat face aux failles du système médiatico-judiciaire, prête à faire éclater la vérité, à ses risques et périls. On ne tarde pas à découvrir comment le principal accusé à su jouer de son influence,
par le biais de ses connaissances dans les hautes sphères du pouvoir, lui évitant ainsi d’être arrêté et comment l’enquêteur a été retiré de l’affaire, afin que rien n’aboutisse.
Un combat de tous les instants, largement documenté par le biais de retranscriptions d’auditions, d’enregistrements sonores et d’images de vidéosurveillance
(la scène glaçante où elle est extirpée du taxi par Noriyuki Yamaguchi et emmenée de force dans la chambre d’hôtel).
Son film est d’ailleurs adapté de son propre livre “Black Box” publié en 2017.
On découvre de façon édifiante, comment le parlement japonais et la justice sont restés muets, se cachant derrière des lois vieilles de plus d’un siècle (d’une société patriarcale d’un autre temps) et qui ne reflètent absolument pas la société d'aujourd'hui. D’ailleurs, si le viol est antérieur à #MeToo, impossible de ne pas y faire de parallèle (ce que la réalisatrice finira par faire au cours de son tournage, en devenant même le visage du mouvement dans son pays).
Le film nous donne clairement l’impression d’assister à un combat entre David contre Goliath, avec d’un côté Shiori Itō et de l’autre, la justice japonaise. Un combat de longue haleine qui aura duré 8 années (!) jusqu’à ce que la Cours Suprême finisse par reconnaître son agresseur coupable de viol.
Malgré le fait que son combat soit à l’origine d’une modification de la législation japonaise sur le viol (une première depuis plus d’un siècle) et de la condamnation de son violeur, il est impensable de constater que le film puisse être censuré dans son pays d’origine.
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