Si la Blaxsploitation est un style ancré dans la série B et donc dans une certaine forme de médiocrité, il est bon de voir des films comme Black Caesar lui donner ses lettres de noblesses, car lorsque ce modèle film de gangster afro-américain sur fond de musique soul s'accorde avec une réalisation qui s'éloigne de l'amateurisme ambiant cela donne quelque chose de très kiffant.

Black Caesar c'est donc l'histoire d'un parrain (Blaxsploitation oblige) dont on va suivre l'ascension. Suite à une agression par un policier dans sa jeunesse, Caesar décide de prendre sa revanche en mettant la ville à ses pieds et le fait dans une succession de scènes plutôt originales et stylées. Comme bien des personnages principaux de ce genre de films il a des revendications, une volonté sans cesse affiché d'améliorer les conditions de vies de ses comparses afro-américains dans une ville qui ne leur laisse aucune chance. Contrairement à ses confrères (Superfly, Truck Turner...) souvent glorifiés malgré leurs crimes, Black Caesar apparait vite comme un énorme enculé, cachant son arrivisme sans borne derrière sa cause. S'écartant de sa vocation bienfaitrice, animé d'une soif de pouvoir insatiable, c'est un personnage sans état d'âme et sans parole qui se développe sous nos yeux ébahis : tueur, traitre, voleur, à deux doigts du parricide... Caesar fait le mal à un rythme si effréné, tant et si bien qu'il ne peut s'apercevoir que les autres s'écartent aussi de lui et qu'il finit par se faire cocufier par le binoclard à qui il a forcé à apprendre la comptabilité mafieuse : Humiliation Ultime.

Au terme d'un final délirant après une course poursuite cinématographiquement réussie mais personnellement assez pathétique pour Black Caesar, il obtient la vengeance, tuant celui qui l'a transformé en monstre, cela lui permettra-t-il d'être enfin heureux ? Impossible au vu des conséquences néfastes de ses actes funestes...

- puis de toute façon il se fait buter par des gosses

Rattrapé par la loi du milieu, Black Caesar voit s'accomplir la prophétie de son bourreau : il n'aura pas été au top longtemps et tel le drogué qui vient de se prendre une montée bien kiffante il se tape une descente bien douloureuse, la dernière image du film indiquant la date de sa mort pour nous le rappeler (ce qui est plutôt original et stylé je trouve).

Moins fauché, plus travaillé et original (tant au niveau du scénario que de la réalisation) que bien des classiques du genre, Black Caesar est à classer parmi les très bons films de Blaxsploitation (avec Foxy Brown et Across 110th Street selon moi).

arthurdegz
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de blaxploitation

Créée

le 10 juin 2023

Critique lue 18 fois

1 j'aime

arthurdegz

Écrit par

Critique lue 18 fois

1

D'autres avis sur Black Cesar, le parrain de Harlem

Black Cesar, le parrain de Harlem
AMCHI
7

Critique de Black Cesar, le parrain de Harlem par AMCHI

Black Cesar, le parrain de Harlem est une sympathique série B qui dans la catégorie blaxploitation est sans doute un des meilleurs films du genre avec ce pendant black du Parrain Larry Cohen bien...

le 11 mars 2017

4 j'aime

Black Cesar, le parrain de Harlem
HITMAN
6

Larry Cohen.

Célèbre scénariste hollywoodien (on lui doit la série culte Les Envahisseurs, Pacte avec un tueur et Phone Game) et futur réalisateur de série B fantastiques et déjantées (Le monstre est vivant,...

le 29 sept. 2015

4 j'aime

2

Du même critique

L'Arnaqueur de Tinder
arthurdegz
2

L'arnaqueur c'est Netflix

Février 2022, c'est le documentaire choc du moment sur Netflix, l'Arnaqueur de Tinder ou comment un goujat peu scrupuleux s'est payé sa meilleure vie d'influenceur grâce à l'argent de femmes que l'on...

le 23 févr. 2022

17 j'aime

L'Acteur
arthurdegz
8

L'incompris

La première scène est à l'image de son début de carrière, il suffit qu'il arrive, quand bien même ce soit pour se faire un café, pour que ce soit drôle, pour qu'il dévore l'écran et accapare toute...

le 5 janv. 2024

11 j'aime

3

Else
arthurdegz
8

Fusion créative

Alors qu'une maladie aussi terrifiante que meurtrière et contagieuse se répand dans tous le pays, un jeune "couple" doit y faire face dans l'intimité d'un appartement. Le pitch du premier long...

le 22 sept. 2024

6 j'aime

1