Pour son premier rôle en tête d’affiche, Fred Williamson endosse celui d’un jeune loup aux dents longues qui grimpe les échelons pour devenir le parrain de Harlem. Inspiré très largement du Petit César (1931), le film annonce par certains aspects des grands classiques comme Scarface (1983). Bien évidemment, on en est ici très loin, la faute à un sujet qui demande beaucoup de temps et une narration très approfondie. Il était attendu qu’en à peine 1h30, il était impossible de rendre compte de cette richesse. L’ascension comme la chute sont aussi elliptiques l’une que l’autre et certaines transitions sont parfois peu compréhensibles (on saute deux années d’une scène à l’autre par exemple). D’où une impression que Larry Cohen, infatigable bricoleur de séries B plus ou moins abouties, pioche certains éléments qu’il juge essentiels et en délaisse de nombreux autres. À ce titre, le film paraît toujours lacunaire en de multiples moments comme s’il manquait des séquences qui permettent au récit de mieux s’emboîter.


La première partie est, à ce titre, totalement caricaturale avec une ascension jamais convaincante et une prise de pouvoir à laquelle on peine à croire. C’est dommage car cela retire au film toute sa dimension épique. Le personnage de Fred Williamson ne semble jamais devenir un parrain vraiment important et la faiblesse du budget se retrouve dans ce pouvoir un peu fantoche qui nous est donné à voir. On regrettera aussi (toujours dans cette première partie) les fusillades un peu grossières et plusieurs scènes d’action (elles sont au final très peu nombreuses dans le film) pas très bien exécutées. Le personnage du révérend Rufus totalement lunaire désespère aussi en de nombreux moments.


Curieusement, le résultat se montre bien plus à la hauteur dans sa deuxième partie qui raconte la chute du caïd. Larry Cohen semble beaucoup à l’aise avec la dimension tragique de son histoire. Si cela reste parfois maladroit, le final contient une véritable intensité et la mise en avant des faiblesses de son héros est une belle réussite. Cet effet de boucle, qui ramène le personnage principal à son point de départ après avoir subi l’effet boomerang de son attitude, place le sujet au-dessus de la mêlée du genre. La présence de Fred Williamson très à l’aise devant la caméra, ou de chouettes bad guys comme Val Avery ou encore la musique de James Brown sont des atouts évidemment non négligeables.


5,5

Play-It-Again-Seb
6

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le 1 juil. 2024

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PIAS

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