Black Coal apporte tout l'exotisme d'une relecture d'un genre très américain par un oeil asiatique perçant et parfois cynique, bouleversant parfois frappant. D'une beauté plastique folle, d'un oeil pragmatique, il suit le destin d'un flic confronté à une réalité qui lui échappe, maladroit et lourdeau au début, il s'affine au fur et à mesure des bobines, après la perte de ses collègues, en chassant ce serial killer mystérieux, en suivant cette jeune femme énigmatique qui l'envoûte, sans doute qui l'attire aussi, au comportement étrange, irrationnel, incompréhensible on finit par tout comprendre, le drame qui s'est joué, et comme souvent dans les intrigues chinoises c'est un drame parti d'un rien, intimement lié au social, à une société bati trop vite, parfois en écrasant ses membres les plus faibles. Victimes. C'est à quoi ils ressemblent au fond, aux victimes de ce système. Le héros finit par s'en tirer, affiné, héroïque, il a vaincu ses démons, a prouvé sa valeur, tandis que la princesse avoue ses crimes, et tire le voile qui masquait son regard. A la fin tout finit bien, ou presque, même si la mise en scène laisse à penser que tout s'arrête brusquement, sûrement cette habitude du cinéma asiatique de ne saisir qu'une tranche de vie, mais de ne jamais tout à fait clore la chose, parce que les personnages eux continuent, malgré tout.