Il est indéniable de dire que Christopher Smith fait partie de ces quelques réalisateurs contemporains qui constituent le fer de lance de cette nouvelle génération de film de genre, aux côtés de Jaume Balaguero, Alexandre Aja ou Rob Zombie pour ne citer que les plus connus. Plus discret que ses homologues, le britannique est un véritable abonné aux petits budgets et démontre par une capacité fascinante à traiter des sujets diverses et variés et à insuffler à chacun de ses métrages une identité propre, allant de la terreur pure (Creep), à la comédie noire (Severance) en passant par le thriller temporel (Triangle).

Black Death se déroule en 1348 en Angleterre où la peste bubonique fait rage. Un jeune moine se porte volontaire pour être le guide d'une équipe de mercenaire à la recherche d'un village isolé soupçonné de pratiquer la sorcellerie. Dans le film, aucune concession est faite, tout est noir. Le fanatisme religieux, la démystification, la peur primale des phénomènes de masse et toute l'ambiguïté des rapports humains au coeur de son propos, traduisant viscéralement une réalité ou les croyances et les sacrifices religieux les plus fanatiques ne résiste pas une seconde face à notre instinct de survie animal.

L’atmosphère proposée par Black Death est menaçante, prônant un danger omniprésent qui ne se manifeste finalement qu’à très peu de reprises. L'angoisse et la peur sont omniprésentes. Le cadre est triste, noir et brumeux. Concernant le jeu des acteurs, ceux-ci offrent une prestation solide, je pense notamment Sean Bean et Eddie Redmayne.

Abordant son sujet de manière très terre à terre et ultra réaliste, Black Death insuffle paradoxalement un climat fantastique et joue avec le spectateur grâce à de nombreux faux semblants savamment bien dosés. L’arrivée au village marque un tournant dans la narration qui, bien que captivante à ses débuts, s’essouffle tout de même sur la longueur. Soulignant avec intelligence la maigre limite entre le bien et le mal, on assiste à l’affrontement de convictions entre villageois et envoyés de Dieu dans leurs comportements extrémistes. Au milieu de cette violence et cette rage se trouve le jeune moine, interprété par un Eddie Redmayne touchant et entame finalement sa quête initiatique qui va forger l’homme qu’il deviendra.

Film totalement oublié par la distribution française, tout comme pour les trois quart de sa filmographie, Christopher Smith ne mérite absolument pas ce manque de reconnaissance. Fils illégitime de John Carpenter, Smith est un petit artisan du ciné british qui se débrouille comme il peut, et ça c'est déjà pas mal.
Roland_Marotel
8
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le 9 juin 2013

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Roland Marotel

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