Haletante mise en scène de Jean-Stephane Sauvaire (Johnny Mad Dog) dans le chaos des rues de Brooklyn, au plus près de la violence miséreuse et pourtant quotidienne des infirmiers urgentistes, à la fois héros et bourreaux.

Cinéaste français dont on a l’habitude d’avoir des expériences plutôt que des films, où l’immersion est la clé d’une totale proximité, Jean-Stephane Sauvaire ne déroge pas à sa règle avec son tout nouveau film, présenté en compétition pour cette nouvelle édition cannoise.

Dès l’ouverture du film, le réalisateur mise sur un esprit anxiogène qui deviendra le pire ennemi de ses héros ,mais également de son public. Lumières ballottantes, sirènes plus coriaces que des mandragores et vision trouble : les spectateurs sont au cœur de l’action pendant deux heures.

Tye Sheridan est d’une fascinante complexité. D’abord en tant que premier de la classe. Puis, protocole en bouche et au fur et à mesure que ses convictions et sa volonté sont mises à rudes épreuves, c’est un état de conscience totalement à la dérive que l’acteur nous offre sur un plateau d’argent. Même l’excellent et oscarisé Sean Penn n’est pas à la hauteur de son poulain.

C’est à souligner car le film repose intégralement sur les épaules du jeune Sheridan qu’on attend désormais de pied ferme sur le prochain film de Justin Kurzel. Bien que la prestation soit donc impeccable, l’ensemble du film, lui, reste un poil trop filandreux. À trop vouloir tirer sur la corde du premier rang, l’œuvre en devient un temps soit peu poussive, aux limites de l’harcèlement. Un film qui ne démérite pas sa place sur les écrans cannois mais peut-être pas en sélection officielle.

Et c’est dommage car il y a une vraie flamme au sein des personnages, qui se complètent, se forment, et se relaient dans une sphère qui ne fera qu’évoluer, au bonheur des uns bien qu’au détriment des autres. Tout cela sous la caméra de Sauvaire qui engouffre son public dans les lignes austères de la vie et de la mort, qui se nourrissent des sauveurs les plus bienveillants. De quoi rappeler au monde que le pire poison qui soit n’est autre que le mal qui vit en chacun de nous et des conséquences qui en résultent. Le mal appelle t-il le mal ? Ou nous oblige t-il à reconsidérer notre devoir ?

murron
6
Écrit par

Créée

le 24 mai 2023

Critique lue 1.3K fois

15 j'aime

murron

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

15

D'autres avis sur Black Flies

Black Flies
dosvel
7

La Violence Urbaine

𝐴𝑠𝑝ℎ𝑎𝑙𝑡 𝐶𝑖𝑡𝑦, réalisé par Jean-Stéphane Sauvaire, nous transporte dans un New York d’une brutalité sans filtre, où le quotidien des ambulanciers devient le théâtre de la désintégration...

le 4 oct. 2024

22 j'aime

Black Flies
murron
6

Critique de Black Flies par murron

Haletante mise en scène de Jean-Stephane Sauvaire (Johnny Mad Dog) dans le chaos des rues de Brooklyn, au plus près de la violence miséreuse et pourtant quotidienne des infirmiers urgentistes, à la...

le 24 mai 2023

15 j'aime

Black Flies
BarnyLgx
8

Le grand incendie

En premier lieu, il faut préciser que Black Flies est l'adaptation du roman 911 de Shannon Burke, dont l'action se situait à New York dans les années 90. Le réalisateur français Jean-Stéphane...

le 13 oct. 2024

6 j'aime

3

Du même critique

Indiana Jones et le cadran de la destinée
murron
5

Critique de Indiana Jones et le cadran de la destinée par murron

Un nouvel opus sur les aventures du plus grand archéologue du cinéma ne pouvait se faire qu’entre les mains de James Mangold, si ce n’était entre celles du géniteur Spielberg. Une hype méritée ou le...

le 24 mai 2023

16 j'aime

5

Black Flies
murron
6

Critique de Black Flies par murron

Haletante mise en scène de Jean-Stephane Sauvaire (Johnny Mad Dog) dans le chaos des rues de Brooklyn, au plus près de la violence miséreuse et pourtant quotidienne des infirmiers urgentistes, à la...

le 24 mai 2023

15 j'aime

Perfect Days
murron
7

L’amour de la vie

Dans la trempe des films qui ont été réalisés par amour, l’amour de l’existence, l’amour de l’art et des petits plaisirs quotidiens, nous avons Perfect Days. Sublime ode à la vie offerte par nul...

le 31 mai 2023

12 j'aime

7