En premier lieu, il faut préciser que Black Flies est l'adaptation du roman 911 de Shannon Burke, dont l'action se situait à New York dans les années 90. Le réalisateur français Jean-Stéphane Sauvaire se l'est approprié et s'est livré à un long travail d'immersion dans le quotidien des urgentistes new-yorkais pendant deux ans. Il a fait le choix de prendre le pouls de notre époque et des urgentistes, extrêmement sollicités pendant le Covid.
Comme Jean-Stéphane Sauvaire habite New York et qu'il connaît bien son sujet, il sait où il met les pieds. Pas le spectateur, qui se retrouve entraîné en tant que troisième passager dans l'ambulance conduite par Gene "Rut" Rutkovsky (Sean Penn) et Ollie Cross (Tye Sheridan) dans les entrailles de l'éternelle insomniaque qu'est New York. A New York, il y a du bruit TOUT LE TEMPS. Quelqu'un m'a dit que même quand tu dors en haut d'un building, tu entends les sirènes des pompiers, de la police... Il faudrait imaginer une immense cacophonie insoutenable qui rendrait fou une personne habituée au silence des campagnes et des forêts. New York, c'est comme la Terre, c'est une immense maison : certains arrivent, d'autres partent.
D'autres la brûlent.
J'ai pris au moins la peine de contempler ce grand incendie de mes propres yeux, allumé par les gens qui y habitent, qui souffrent, fous, malades, hystériques, désespérés, drogués, parfois violents, ils sont rongés par les brasiers de la colère, ils sont trop nombreux, mais ils ne seront jamais seuls. Heureusement, il reste encore des gens qui disent merci quant on leur rend service. C'est un mot si beau, si simple à exprimer, qu'il peut sauver une vie toute entière.