Le film m'a laissé une impression étrange, oscillant entre admiration et frustration. D’un côté, le film brille par sa maîtrise technique : la réalisation est impeccable, et le travail sur le son est tout simplement incroyable. La mise en scène audio-visuelle est soignée et dépoussière intelligemment sans toutefois surpasser son prédécesseur spirituel, "À tombeau ouvert" de Martin Scorsese. Comparer les deux films est inévitable, et malheureusement, cette comparaison a tendance à lui porter préjudice en mettant en lumière certains des défauts de Black Flies.
D'abord, les symboles autour des "anges protecteurs" (je crois) – arts, blouson, etc. – m'ont semblé trop appuyés, presque caricaturaux. Ensuite, la "relation amoureuse" d’Ollie, le protagoniste,
qui se dégrade lorsqu’il devient violent,
m'a clairement semblé manquer de clarté. J'ai même presque l'impression que le film aurait gagné à ce qu'on ampute toute cette partie, qui m'a paru mal maîtrisée et plutôt longuette.
Mais c’est surtout la manière dont le film aborde la question du taux élevé de suicides dans la profession qui m’a semblé problématique. Le métier de secouriste est sans aucun doute difficile, et le film illustre bien la précarité à laquelle ces travailleurs sont confrontés : logements insalubres, double emploi pour joindre les deux bouts... Pourtant, au lieu de s’arrêter sur ces éléments socio-économiques comme facteur principal, le récit semble à tout prix chercher d'autres justifications.
On y ajoute un traumatisme – le 11 septembre – puis une série de drames personnels pour Gene, son coéquipier : triple emploi ?, une reprise quasi immédiate du travail après le 11 septembre, une famille éclatée, l’éloignement de sa fille, et bien d’autres. Cette accumulation de malheurs donne l'impression que le film cherche à abattre Gene à tout prix, au risque de diluer une critique systémique qui aurait pourtant été bienvenue.
Malgré ces réserves, le film a ses atouts. Michael Pitt (<3 <3 <3), qui, comme d'habitude, livre une prestation marquante : son personnage détestable est fascinant, bien que j’aurais aimé qu’il soit davantage approfondi.
Globalement, Black Flies reste un film d’une grande qualité. Sa réalisation et sa mise en scène, tant visuelles que sonores, témoignent d’une maîtrise impressionnante.
Un film imparfait, mais indéniablement marquant, avec une énorme capacité à marquer et faire réfléchir ses spectateurs. Il n'y a qu'à voir l'impressionnant ratio ici : actuellement 36 critiques pour moins de 1 000 notes.