Après une longue période de travail à la télévision britannique, Ken Loach revient au grand écran en 1979 avec cette aventure pour enfants adaptée d'un roman de Leon Garfield, et se déroulant en 1750 dans le Yorkshire. Une oeuvre donc à priori étonnante dans sa filmographie que ce conte fantastique en costume.


En effet Black Jack a les attributs du récit initiatique, film d'aventure classique pour enfants, avec du mystère, du frisson, des amours enfantines, un bandit de grand chemin, un jeune héros intelligent, courageux, honnête qui sauve une jeune fille de son mauvais sort; des méchants et beaucoup de bons, des poursuites et des chevauchées, une odyssée mouvementée avec troupe de forains itinérants, saltimbanques, vendeur d’élixir de jouvence, diseuse de bonne aventure, et nains acrobates.


Mais au fur et à mesure que l'intrigue s'épaissit, Black Jack se révèle pas si éloigné des préoccupations habituelles de la classe ouvrière de Loach. Dans cet univers à la Dickens, il mêle le conte et la fable sociale. Il s’intéresse aux marginaux, prend la défense des êtres fragiles, critique les traitements habituellement réservés aux « malades mentaux » enfermés en asile d’aliénés aux conditions de vie sordides, les médecins qui font du trafic de cadavres, et les riches bourgeois, parents prêts à faire interner leur fille jugée folle pour l’éloigner de la famille et en préserver l’honneur.


Sous l’apparence, selon son auteur d’«un très petit film destiné aux enfants et qui pourra peut-être plaire à quelques parents», Ken Loach laisse libre cours à ses idéaux et aux valeurs que l’on retrouve tout au long de sa filmographie : la fraternité, l’entraide, l’espoir. Black Jack est un rare film pour enfants qui n’établit pas de clivage pas entre les vieux et les jeunes mais entre les riches et les pauvres.


Black Jack est un beau film. La cohérence du scénario et le réalisme des situations se laissent parfois dépasser par l’enthousiasme, la fougue et l’ardeur juvénile. Mais l’histoire est plaisante à suivre, les deux jeunes acteurs, garçon et fille sont très bons, naturels dans leur non-professionnalisme. L’atmosphère du XVIIIe siècle, est particulièrement bien rendue par les couleurs, la lumière et les éclairages souvent limités à la bougie; la reconstitution des lieux, costumes, décors est remarquable, avec patine et saleté « très authentiques ».


Belle ré-édition en DVD et Bluray

kinophil
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le 6 mai 2021

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