Après quatre saisons, la série de SF "Black Mirror" se décline en long-métrage avec ce "Bandersnatch", où l'on suit un jeune programmeur de jeux vidéos dans les années 80, qui tente de développer un jeu à choix multiples. Sauf que le film est lui-même à choix multiples, laissant le soin au spectateur de s'orienter vers différentes fins en fonction de ses décisions !
Si le procédé n'est pas si original que cela (nombre de jeux vidéos en Full Motion Video utilisent cette méthode depuis les années 90), ce qui est intéressant ici est la mise en abyme. A savoir un personnage qui travaille sur un schéma complexe de choix et de fins possibles, s'interrogeant sur le libre-arbitre du joueur, alors que le spectateur se pose des questions similaires. Est-on libre dans la mesure où les choix sont en fait imposés par le système ? Y a-t-il vraiment des fins différentes ou tout ne se ramène-t-il pas à la même chose ? Sans compter les clins d’œil au monde du jeu vidéo, qui font de "Bandersnatch" une œuvre à mi-chemin entre le cinéma et le jeu...
Des questionnements et une construction intéressants, emballés dans un film bien réalisé. La BO très 80's est hypnotique à souhait (on pense parfois à "Beyond the Black Rainbow"), la mise en scène offre quelques bon gros délires et le scénario plusieurs descentes aux enfers et retournements de cerveaux comme "Black Mirror" en a le secret. Sans compter qu'au niveau interactivité, la plateforme Netflix mémorise les choix du spectateurs, permettant d'explorer de manière guidée les différents arbres narratifs.
Ainsi, "Bandersnatch" ne plaira clairement pas à tous (certains puristes des jeux à choix multiples, ou au contraire certains néophytes, pourraient être désagréablement surpris par la forme semi-guidée, tandis que les placements produits pour Netflix peuvent irriter), mais il s'agit d'une expérience intelligente et bien vue, que les amateurs de "Black Mirror" apprécieront.