Facebook, c'est mal. Les copies numériques, c'est mal. Et la triche, c'est mal. Ce sont basiquement les 3 axes des mini histoires du film, dénonciations classiques qui servent de base pour définir un univers complexe qui, malgré la banalité des lieux et des équipements, vise à créer une société distopique qui aurait pour fondement une adhésion forcée à un vaste programme de réseau social fusionné avec un gouvernement sentant bon le fascisme, où la charte d'utilisation correspondrait à une nouvelle constitution. L'idée est énorme, le résultat assez piteux. Car le partage d'informations sans discrétion et des sanctions socialement pénalisantes ne sont pas acceptables. C'est absolument tout ce qu'il y a à retenir, et c'est bien peu, car on l'assimile vite. Alors, le téléfilm pousse le bouchon plus loin, cherche des détails pour rendre son univers encore plus injuste, encore plus frustrant... Il se base essentiellement sur ces deux échelles et essaye constamment d'aller plus loin encore. En faisant cela, il s'éloigne de plus en plus de la réalité, jusqu'au point de non retour atteint avec la seconde histoire, celle des doubles numériques qui sont formatés par torture psychologique afin de devenir des esclaves légaux... La gratuité de cette avalanche de malsain frappe car il n'y a à fortiori pas grand chose d'utile pour une éventuelle critique, en termes de logique.


Cela va plus loin encore avec cette évolution d'un facebook à l'échelle mondiale avec micro-ordinateur implanté à la naissance et impossibilité de déconnexion. Ce système n'est utile pour personne. Les règles qu'il pose créent constamment des conflits et sont conçues de façon à générer des tensions. Et tous ces outils sont à disposition de la première personne venue. Si on évoque vaguement l'utilité pour le gouvernement sur le plan sécuritaire, le fondement même de ce système n'a aucune utilité pour l'individu lambda, ni pour une quelconque compagnie (les implants ne sont pas renouvelables). C'est un système aliénant imposé par personne qui handicape tout le monde, dont le rapport avec le réel est de plus en plus vague. L'ambition du film est de fusionner la réalité virtuelle d'un facebook d'adolescent attardé avec le monde réel, en pensant dénoncer un totalitarisme technologique qui décuplerait le potentiel de nuisance de TOUS les individus à la moindre saute d'humeur. L'absence de fonctionnalité d'un tel concept se remarque très vite. Ni utile économiquement, ni pour servir le pouvoir, et de façon rudimentaire pour le confort (un peu de réalité virtuelle augmentée et un téléphone interne). Il faudrait davantage de détails pratiques pour donner de l'authenticité à ce système, que personne ne critique par ailleurs. L'acceptation est difficile à croire tellement les règles inégalitaires touchent directement les individus.


A vouloir trop insister sur la cruauté d'actions anodines (un ban facebook vous condamne juridiquement et socialement à l'exclusion totale de votre entourage, une minute de torture mentale équivaut à un an de privation sensorielle des consciences copiées...), Black mirror s'est totalement déconnecté de la réalité, et son prétendu cachet de dénonciation d'utopie technologique n'a finalement pas grand intérêt. Il conçoit des systèmes vicieux, certes, mais pas fonctionnels pour autant. Et d'ailleurs, il veut du coup montrer que les humains qui disposent d'une telle technologie se comportent dans des imbéciles égocentriques. Mais les actions qui sont ici condamnées ne prêtent à aucune conséquences dans la vie réelle. Et le film a beau vouloir confondre les deux, l'ampleur ne gagne jamais en puissance. On est proche du flop de Passé virtuel, dont la révélation n'avait pour ainsi dire aucun impact. D'où une certaine question que je me pose vis à vis des montagnes d'éloges que récolte ce gros épisode de la série : est-ce une dénonciation utile ? La généralisation des réseaux sociaux est un phénomène de société très en lien avec internet, mais qui s'estompe dans la réalité. Même si l'humanité finit asservie par les élites et se retrouve pucée tracée fichée, elle n'aura jamais accès à de telles options que le bannissement visuel et sonore, car la société s'auto-détruirait en quelques semaines. Par conséquent, ce black mirror, qui partait sur de bonnes idées, est finalement un trip malsain gratuit qui pourra provoquer le malaise sans jamais être sérieux une minute.


A mes futurs haters : ce n'est pas parce qu'un film choque qu'il est intrinsèquement malin ou intelligent dans son propos. Regardez a serbian film ou Seed pour illustration. De toute façon je vous ai tous bloqué d'avance. Na !

Voracinéphile
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le 27 oct. 2016

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