Malle de tête
Un film post-apocalyptique ? Avec une licorne ? Réalisé par Louis Malle avec Sven Nykvist, le chef op' de Bergman et du Locataire de Polanski ? Attendez moi j’arrive tout de suite ! Dit comme ça...
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le 10 nov. 2012
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Amorçant sa carrière américaine, un film à la distribution internationale et tourné en anglais totalement à part dans la filmographie de Louis Malle.
S'ouvrant sur une longue séquence sans dialogues, Black Moon est un conte aux interprétations hypothétiques, une sorte de variation d'Alice au pays des merveilles où l'entrée dans la forêt fera office de traversée du miroir. Mais à la différence d'un conte traditionnel aux allégories jamais innocentes et toujours vouées au décryptage, Black Moon semble avant tout se vouloir un champ de liberté onirique sans contraintes, une expérimentation sans destination bien déterminée, sans but concret à atteindre sinon celui de laisser libre cours à l'imaginaire de son auteur. Ainsi, cette narration souvent décousue (pour ne pas parler d'absence de scénario) pourra s'avérer déroutante, parfois même un peu lassante. À l'image de cette licorne comme de tout un bestiaire particulièrement mis en avant (le serpent et l'aigle en priorité), Malle paraît d'abord chercher à se reposer sur des représentations, des images appuyées formant tableaux symboliques et illustrations chimériques. Au loin, la guerre fait rage (c'est ce que nous comprenons lors des premières minutes) mais Malle et Lily, son héroïne, s'en abstrairont dans cette grande demeure paysanne isolée de la réalité du monde, occupée par trois personnages énigmatiques : un frère et une sœur aussi taiseux qu'impénétrables, et une vieille femme visiblement diminuée, alitée, un peu excentrique, aux airs de figure initiatique. Ce sera alors le refuge du rêve, un rêve pas toujours agréable sans forcément virer au cauchemar, un rêve où Lily se cognera souvent contre les murs du questionnement et de l'incommunicabilité sans pour autant se voir confrontée à un réel danger. Ce sera aussi le refuge de l'innocence où l'enfance nue répondra à ce besoin de la matriarche de cette maisonnée de retrouver l'apaisement de téter le sein nourricier : retour à l'instinct premier, aux origines de la vie pour qui s'apprête à la quitter.
Black Moon semble alors chercher à creuser la terre un peu lourde mais fertile de l'inconscient de son réalisateur dans une expérience surréaliste sans clé évidente de décodage, qu'il suffit peut-être de recevoir débarrassé de ses a priori logiques. Louis Malle nous prévient lui-même : "Ce film vous décrit un autre monde, à la fois familier et différent. Comme vos rêves. Entrez dedans, avec votre émotion, avec vos sens. Laissez-vous emporter, c'est un voyage que je vous propose".
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