Sœur Barnes et sœur Paxton sont deux toutes jeunes missionnaires mormones en pleine mission d'évangélisation de leur petite ville. Quand leur tournée de porte-à-porte les amènera à frapper à celle de Mr Reed, un piège conceptuel se refermera évidemment aussitôt sur elles.
Horreur rhétorique ou film de psychopate discoureur, Beck et Woods jouent au plus malin dans cette longue dissertation remettant en question le sens et l'origine de la foi (monothéiste, exclusivement) soutenue par un Hugh Grant dont le petit numéro de professeur de théologie / musicologie / histoire du Monopoly m'a franchement vite soulé, inutile de tergiverser. Bourrée d'automatismes, sa crispante composition de manipulateur charmeur m'a vite rendu la proposition pénible. Sûr de sa pertinence, Heretic est en effet prolixe, réfléchit beaucoup et tente à grand renfort de raisonnements fastidieux de nous faire plonger dans les déconcertantes profondeurs de son éclatant postulat. J'ai un peu trop eu la désagréable impression de juste assister au cours d'un vieil ermite qui n'avait parlé à personne depuis trop longtemps. Les quelques éléments horrifiques rebattus rapidement introduits - tiens, les plombs qui sautent ! ouuuuuh il fait tout noir - n'ont rien changé à ce sentiment de voir un film trop théorique pour bien devenir prenant. Le peu de relances contradictoires de ses deux mentorées ont aussi contribué à rendre cet échange argumentaire trop peu stimulant, proche du monologue tournant à vide ou du concours d'éloquence stérile. À cet instant de la progression du récit, nos deux faibles évangélistes ne sont encore en effet réduites qu'à un simple rôle de faire-valoir ou presque, la donne s'apprête cependant à changer quand l'ensemble bascule pour de bon dans la terreur. C'est le moment de descendre à la cave - oui, c'est original - et de changer de braquet. Enfin décidé à passer de la théorie à la pratique pour définitivement convaincre ses deux captives du bien-fondé de son exposé, Mr Reed leur offrira l'expérience horrifique de leur vie pour finir de maltraiter leurs croyances. Pas si impressionnables que ça, nos deux innocentes mormones réussiront alors à rééquilibrer le rapport de force psychologique installé depuis leur arrivée et parviendront même à pousser cet exaspérant Mr Reed dans ses retranchements. Tout devient alors bien sûr plus intense mais aussi un peu surchargé tout en déviant vers un développement plus pragmatique qu'attendu, à la fois surprenant et décevant. Sans doute espérais-je une issue moins classique, moins désespérément rationnelle.
Entre autres choses, Heretic nous parle aussi de sous-vêtements magiques. Toutefois, ce point de fantaisie mis à part, méthodiques et organisés, Beck et Woods nous proposent un processus sensé, guidé par un besoin de convaincre dissertatif de bon élève étourdi par la qualité de sa démonstration. Peut-être aurait-il fallu un peu plus souvent lever le nez de la copie.