Quand les tambours se sont-ils changés en violons ?

Portée par le mouvement, je me suis décidée à aller voir Black Panther, dernier chouchou en date des studios Marvel et il n'y a pas à dire, les influences du continent africain portent clairement le film. L'ouverture format "conte" prémâche le travail d'introduction, formule efficace mais simple. Le début du film accroche malgré tout, le casting est charismatique et on est vite happés dans le feu de l'action. La bande originale bat au rythmes de percussions amplifiées, le sourire aux lèvres, la suite s'annonce excitante.
Seulement voila, l'intrigue avance, on banalise vite l'exotisme et l'introduction d'un personnage rival qui s'annonce croustillant à souhait vient en réalité porter un coup sévère au héros et au scénario. Cet américain wakandais amène ses influences occidentales jusque dans la réalisation et l'ambiance change radicalement. Ce qui était bien parti pour être un film d'action de qualité devient un métrage hollywoodien des plus classiques, avec retournement de situation des plus prévisibles, héros clément, méchant alter égo pas si méchant qui menace le sacro-saint équilibre du monde pour le mettre à sang par vengeance. La scène de présentation des costumes laissait un choix entre deux modèles au nouveau roi, sobriété ou bling-bling clinquant et d'ores-et-déjà, l'existence des deux laissait présager la suite presque trop facilement. L'histoire disparait vite sous la violence, l'écriture des personnages s'efface dans le combat, les percussions laissent place aux violons, le méchant laisse place au gentil, la partie est perdue d'avance, le film a cédé l'Afrique à l'Amérique et peine à retrouver ses marques malgré le retour du tambour.


À lire, tout cela sonne comme une déception terrible et pourtant, je suis plutôt mitigée sur ce revirement tant il est cohérent à l'intrigue. L'afro-américain arrive, amenant avec lui l'Occident et la détresse de sa condition noire, quoi de plus naturel finalement de voir le film en devenir plus américain, négativement, quand le message de film repose justement là-dessus ? Passé tout l'aspect politique et morale, cinématographiquement parlant, ça fonctionne. Il est difficile de blâmer un film pour avoir rendu techniquement ce qu'il annonçait scénaristiquement. Malgré tout, le goût amer du déjà-vu reste en bouche, ce qui m'avait été annoncé être un renouveau du film de super héros s'est estompé, en demeure un Marvel original mais sans surprise où l'action a surplombé une écriture bien fade.


Puisse la suite exploiter le potentiel de la licence.

BrainProcess
6
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le 27 mars 2018

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BrainProcess

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