C'est le genre de polar new look à l'esthétique clippesque et à la violence inattendue qu'on n'était pas en droit d'attendre de la part de Ridley Scott en 1989. Le scénario est peu original et sent un peu le déjà vu, ce n'est qu'un prétexte mais habilement traité, tout réside dans la manière de raconter son histoire pour Ridley. L'essentiel est donc ailleurs ; d'abord dans la performance de Michael Douglas, plus physique qui lorgne du côté de Stallone en flic excité et hargneux, son jeu s'accorde bien en contrepoint avec celui plus sobre et calme de Ken Takakura, alors que le pauvre Andy Garcia est sacrifié à sa vedette, son personnage n'étant pas assez étoffé. Ensuite, ce qui est intéressant, c'est l'importance accordée au lieu de l'action, un Japon un peu caricatural certes, et vu par les Américains, mais considéré comme partie intégrante de l'intrigue et non pas comme un simple décor de carte postale. La vision du monde de la nuit et des yakuza est plutôt bonne. Le choc des cultures et des mentalités est très intéressant, opposant le flic ricain aux méthodes rentre-dedans à son homologue nippon respectueux des traditions. Ridley Scott filme à bras le corps ce thriller explosif avec des cadrages sophistiqués et un sens formidable du rythme, en enchaînant sans temps morts les séquences ; le film remplit ainsi son rôle qui est de distraire agréablement, avec juste ce qu'il faut de profondeur.