Black Snake, la légende du serpent noir par pierrick_D_

Clotaire Sangala,parisien d'origine africaine,revient au pays pour voir son grand-père mais il découvre un état en perdition sous la coupe de politiciens pourris et de bandes criminelles.Frimeur,lâche et mythomane,accro aux filles et à la coke,il se fait passer pour un médecin de haut niveau alors qu'il n'y connait rien.Mais quand il est mordu par un serpent,il se voit doté d'une force surhumaine et devient le super héros Black Snake,défenseur du peuple opprimé.L'humoriste Thomas N'Gijol et sa femme,l'actrice Karole Rocher,sont producteurs,réalisateurs,scénaristes et interprètes de ce film dont le script est cosigné par Jean-Pascal Zadi,qui connaîtra le succès l'année suivante en réalisant "Tout simplement noir".Pour sa troisième réalisation,N'Gijol s'attaque étrangement au film de super héros,pas vraiment une spécialité tricolore.Un super héros français c'est aussi crédible qu'un porno pakistanais,une romcom saoudienne ou un film intello ukrainien,mais évidemment N'Guignol a choisi d'adopter le ton de la farce,et c'est plutôt réussi.L'histoire n'a pas grand intérêt,flirte avec le moralisme sans vraiment tomber dedans et s'apparente surtout à une suite de sketches mais l'avantage est que c'est souvent hilarant,ce qui est loin d'être le cas de toutes les comédies françaises.Dans son style habituel,Thomas passe à la sulfateuse tout ce qui se présente,sans se soucier de bienséance ou de conformisme.Tout y passe,les hommes,les femmes,les noirs,les blancs,les asiatiques,le racisme,l'antiracisme,la politique,la Françafrique,le journalisme militant,les super héros,il ne respecte rien ni personne et se permet pas mal de trucs qui vaudraient à un cinéaste blanc le poteau d'exécution.Heureusement qu'il y a des noirs comme lui ou son pote Fabrice Eboué qui ont encore assez de cojones pour oser se frotter à ce genre d'humour insolent qui tire sur tout ce qui bouge.Le personnage de Clotaire,complètement décalé dans le contexte,est le vecteur principal de cet état d'esprit destroy mais tout le monde ici est salement barré,tous les intervenants passant le plus clair de leur temps à s'insulter copieusement.La situation socio-politique des pays africains ne prête pas forcément à la rigolade mais il y a suffisamment de films sérieux sur le sujet et N'Gijol fait mine de rien passer pas mal de messages par le biais de l'humour,ce qui est peut-être plus efficace et plus digne que la pleurnicherie victimaire.En tant qu'acteur il effectue une grosse performance en incarnant cet imbécile indolent qui va devoir prendre des responsabilités.Karole Rocher est excellente en journaliste tiers-mondiste teigneuse et ridicule mais sacrément bien roulée,Edouard Baer nous sort un numéro d'anthologie en haut fonctionnaire post colonial arrogant et droit dans ses bottes,dans le genre OSS 117 version Dujardin,et Bernard Menez incarne un savoureux président de la République aux méthodes désinvoltes concernant le continent noir.On a aussi le champion de kickboxing Jérôme Le Banner en militaire complètement taré et une équipe de comédiens africains savoureux,notamment Michel Gohou en chef d'état corrompu,le petit Thembalethu Ntuli en gamin pillard et Lindsay Karamoh en beauté locale survoltée.Quant à l'imperturbable vieillard chinois Tapa Sudana,il est irrésistible.