Il y a des films dont on tombe littéralement amoureux.
Coup de foudre pour une histoire, pour des personnages, des acteurs...
Voire tout simplement coup de foudre pour une musique.
Lazarus a toujours eu le blues en lui.
S'il ne joue plus avec son groupe pour faire danser la foule au pub local de sa petite bourgade du Tennessee, il conserve précieusement sa guitare, qu'il gratte de temps à autre.Il n'a d'ailleurs jamais vraiment perdu son talent.
Il a juste perdu ses illusions, quand sa femme l'a quitté...pour son frère.
Un matin, Lazarus (Samuel Jackson, exceptionnel) découvre aux abords de sa ferme le corps d’une jeune fille ayant visiblement été battue, laissée pour morte au milieu de la route.
Rae (Christina Ricci dans le rôle de sa vie - tour à tour provocante, bouleversante, sexy, fragile...elle irradie l'écran), est "une traînée"...enfin c'est ce que dit d’elle sa mère, qui n’eut soit dit en passant pas le courage de la protéger d’un père incestueux et resta indifférente à la précoce descente aux enfers de sa fille.
Le problème de Rae est en effet plus ambigu qu'il n'y parait: cette dernière souffre "réellement" de nymphomanie.Et elle n'est définitivement pas de taille à lutter contre ses "démons".
Lazarus, après l’avoir recueillie et soignée, entreprend de la "guérir" à grand coups de prières...et surtout à grand coups de riffs de guitare.
Et il va sans dire que cela ne sera pas de tout repos, Rae étant littéralement "possédée" par ce mal qui la ronge.
Sur ce canevas qui pourrait facilement faire rire ou choquer (lors de la projection, bien des spectatrices quittèrent la salle rapidement - réaction normale certes, tant le début du film renvoi une image pour le moins "déplaisante" de la femme), Craig Brewer, bien aidé en cela par son formidable duo d'interprètes (même les seconds rôles, dont Justin Timberlake, sont étonnants de justesse), évite tout racolage pour nous conter la bouleversante "résurrection" de Rae, ainsi que la magnifique amitié qui va peu à peu naître entre ces deux âmes perdues en quête de rédemption, mais surtout en quête de paix intérieure.
Les scènes d'une puissance émotionnelle inouie parcourent un film en constant état de grâce - quelques pointes d'humour venant désamorcer l'atmosphère "électrique" - et l'on retiendra tout particulièrement la nuit d'orage ou Rae suplie Lazarus de continuer à jouer son fameux "Black Snake Moan", tandis qu'au dehors les éclairs zèbrent le ciel, et que les riffs de guitares se font plus lourds.Ultime "exorcisme" des démons de son tortueux passé...
Et même si ces derniers restent tapis dans l'ombre, menaçants, Rae finira par dompter son mal et se mariera avec Ronnie.Libérée de son mal, elle pourra désormais l'aider à vaincre le sien.
"Black Snake Moan" fait partie de ces films qui provoquent immédiatement l'adhérence ou le rejet.
Mais si l'on a le bonheur d'accrocher, c'est le coup de foudre assuré pour ce petit bijou.
(ps: Christina, je t'aime.)