Voilà un curieux long métrage qui navigue entre fiction, documentaire et film expérimental. Un jeune militaire de sang mêlé, Shon Shun, quitte la ville après avoir été violé par son supérieur hiérarchique. Il gagne un village pour y trouver des réponses à la mort de sa mère... Sorte de poème macabre, Black Stone parvient rapidement à susciter l'inquiétude. Ces terres qui ressemblent aux nôtres sont ravagées par le racisme, un système économique débridé et le sida... Le réalisateur multiplie les plans étonnants : cette plage, avec ses palmiers si beaux et ces détritus hideux qui masquent mal le sable noirci par le mazout d'un pétrolier échoué. Ou encore ces poissons qu'il faut vider du plastique dont ils se repaissent dans des océans dévastés par la radioactivité — le cinéaste rappelle que Fukushima n'a pas plus de frontières que Tchernobyl.
On ne sort pas indemne de ce film furieux qui ne propose, en guise de solution, qu'un possible retour aux origines. Il y a, aussi, cette terrible accusation portée à un père : « Pourquoi m'as-tu fait naître ? Pourquoi m'as-tu sorti de ce tas d'ordures ? » On quitte Black Stone la conscience meurtrie.