Des spécialistes de la gonflette en quête du touchdown miracle

Une traque palpitante au terroriste, exploitée sur 2 heure à un rythme de dingue, alternant à l’énergie, séquences très ambitieuses quand il est question de spectacle et réalisme abrupte lorsque les balles fusent, voilà de quel bois se chauffe Black Sunday. Un thriller paranoïaque palpitant qui se place clairement dans les bobines du genre à avoir expérimentées.


A l’image de ce duel tout droit sorti d’un western, où un terroriste acculé sort son matos et abat froidement quiconque lui permet de mettre un peu de distance entre sa personne et les agents qui le coursent, chaque moment de tension, chaque démonstration de violence qui ponctue Black Sunday se veut très sèche, d’un réalisme étourdissant. Les hommes tombent à la première balle, souvent avec violence, et les tireurs œuvrent froidement dans l’ombre. De tels moments de violence surprennent encore aujourd’hui par leur côté cash et sans concession. Ils permettent au spectateur de s’impliquer émotionnellement dans la course aux cinglés qui naît de chaque meurtre, espérant son dénouement avec passion.


Mais là ou Black Sunday sait captiver l’intérêt, c’est dans sa façon d’illustrer les deux camps qui se livrent bataille sans tomber dans le piège d'un manichéisme primaire. Qu’on s’entende, Frankenheimer dépeint bien les terroristes comme des personnages perdus, dévorés par leurs démons, qui méritent une petite réfection de portrait à la balle traçante, mais il leur laisse le temps d’exprimer leurs malaises, de façon à les rendre humains au lieu de les réduire aux horreurs qu’ils perpétuent. Petit regard en arrière, référence à la guerre du Vietnam, aux vétérans qui y ont laissé leur âme et ne l’ont pas retrouvée dans les yeux de leurs proches en rentrant. La recette peut paraître éculée, voir un peu facile, mais elle fonctionne : quand l’ancien G.I. Lander se met aux commandes de son dirigeable pour aller se régaler du Superbowl depuis le meilleur point de vue possible, on en vient presque à espérer que la baudruche perde finalement son souffle.


Ce sentiment d’être devant un portrait qui joue la nuance avec une belle audace permet de ne pas terminer le film sur la sale note inspirée par son dernier acte. Bancal, très cavalier, dès que le dirigeable prend de la hauteur, que les ak47 s’expriment à forte altitude, Black Sunday sombre dans le spectaculaire un peu trop fonctionnel. On se remémore alors toute la belle tenue des 90 premières minutes, du côté atypique d’un script qui combine menaces terroristes intérieure et extérieure, et on se laisse aller à finir le film avec le sourire, en dépit de ses quelques maladresses.

oso
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le 20 janv. 2015

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