Black Swan, encore un chef-d’œuvre de Darren Aronofsky, enchevêtrant réalité, fantasme et démence.
Il met alors, avec brio, en scène les oscillations existentielles dévastatrices de Nina, ballerine rigide aux tendances parfaites.
Décrochant le 1er rôle dans la lac des Cygnes, Nina va devoir conquérir une part d’elle même enfouit, cachée, qu’est le cygne noir.
De nature perfectionniste, pure, faible et naïve, son caractère est en tout point celui du cygne blanc. Elle va donc essayer d’acquérir la puissance, le désir, le dépassement de soit-même, représenté par le cygne noir et d’obtenir la perfection artistique totale.
Nina ce lance alors dans une quête destructrice, qui apparaîtra petit à petit dans le film, notamment représenté par des passions. Une jalousie dévorante envers Lily, un élan meurtrier contre sa mère, et un amour inconditionnel pour Thomas.
Darren Aronofsky joue divinement bien avec les images mentales en faisant énormément de plan rapproché sur le visage de Nina mais aussi des images brutales, choquantes au public, mais montrant la désorientation et la folie de Nina.
Il excelle dans la conception des personnages, sublimes, aux caractères complexes. D’un côté, Nina, solitaire, timide, rigide, fragile, pure, perfection cherchant à atteindre cette sensualité, ce lâché prise. D’un autre, Lily, menaçante au yeux de Nina, obscène, sensuelle, on en conclu qu’elle est le non acquis de Nina.
Et une mère possessive, intrusive et étouffante, projetant en sa fille les espoirs d’une carrière qu’elle n’a pas eu. Elle est de loin le pire personnage du film. Ses apparitions relève du film d’horreur et son état bascule toujours (heureuse à froide et menaçante). Elle est donc la principale cause de l’état hallucinatoire de Nina ayant étouffé sa fille par la pureté, se cocon maternel qu’elle a créé, cet effet coupé du monde.
Darren Aronofsky, maîtrise les émotions sur le spectateur et celle de Nina admirablement, en nous plaçant du point de vu de Nina pour nous faire ressentir ses émotions et sentiments.
La danse laissant des séquelles sur le corps, il le démontre en explorant de domaine de l’horreur du corps.
Il sait aussi faire une introduction faisant débuter le film à la perfection.
Celle-ci nous présente Nina, emportée par son double maléfique, soumise à un rythme turbulent. Les mouvements de danse, musicaux et ceux de la caméra montre son passage de l’état de cygne blanc à cygne noir, accentué par ce contraste clair-obscur.
Mais il nous annonce se conflit dès le générique et le titre du film.
Jouant sur le contraste noir et blanc, on distingue implicitement cette opposition. Le paradoxe avec le mot Black écrit en blanc introduit cette dualité qui aura lui tout au long du film.
Enfin, le fond noir prend possession de l’espace, montrant sa pré-domination.
C’est donc avec une parfaite introduction que le film se débute, nous plongeant directement dans les méandres de la pureté et la sensualité.
Ce film est donc, pour moi, une perfection artistique, d’un point de vue cinématographique et de script. Sans oublié la performance incroyable de Nathalie Portman, ne faisant plus qu’un avec le rôle.