Black Swan, c'est CE film pour lequel j'ai eu le coup de foudre absolu, CE film que j'ai adoré de bout en bout, CE film qui m'a fait réfléchir et m'a même ouverte à cet univers qu'est le cinéma. Bon après, je pourrais m'étendre sur chaque petit instant du film, chaque image, chaque son, chaque frisson d'émotion ressenti mais je ne suis pas là pour faire une analyse. Mais ce film est juste tellement fort et... parfait, un peu paradoxal de dire ça certes, mais ça m'a marquée à un tel point que c'est bien le mot.
Déjà, la façon dont le film reprend le Lac des Cygnes. Tout est décrit par Thomas : une version plus sombre et plus viscérale du ballet, c'est exactement comme il est représenté dans le film (les chorégraphies, le décor, les costumes...) ainsi que le film même. Car le film est bien une version du ballet : Nina est Odette, sa mère est Rothbart qui l'enferme dans son rôle de petite fille, Thomas est le Prince qui (indirectement) cherche à la libérer et Beth et Lily sont les deux idéaux de l'héroïne, l'une étant son modèle pour le Cygne blanc (qui n'est d'ailleurs pas si parfaite) et l'autre celui du Cygne noir (qui n'est pas si méchante), de façon inavouée. Et là est la clé qui fait différer cette histoire du Lac des Cygnes original, car Nina est elle-même Odette et Odile, et son but, s'il est de se libérer, est aussi de pouvoir libérer ce qui se trouve en elle, arriver à trouver sa personnalité, la conciliation normale du blanc et du noir.
Je n'aime pas ceux qui ne voient dans Black Swan que la danse ou le côté schizophrène du personnage. Oui, Nina vit pour la danse et n'a que la danse dans sa vie, ce qui contribue à la perdre, mais ce n'est pas un film sur la danse. Ca aurait pu se passer dans n'importe quel univers, mais le choix de rapprocher le scénario à l'histoire du Lac des Cygnes ainsi que de combiner violence psychologique et physique a fait que Nina est finalement une ballerine. Oui, Nina est schizophrène, mais à la limite, ce n'est pas important. Ce qui compte, c'est de comprendre ce qui l'a amenée à être ainsi et de découvrir toute la violence qui se produit en elle, et je pense que toutes les hallucinations auxquelles on assiste sont là pour nous montrer ce qui se passe à l'intérieur d'elle, les changements et les déchirements qu'elle subit. Elle est aussi tiraillée entre son obsession de perfection et le désir inconscient de devenir une femme adulte et de trouver la violence refoulée en elle, et on voit, comme dans le ballet, la lutte qui s'engage entre le Cygne blanc et le Cygne noir.
Black Swan, c'est donc un film qui mêle une densité psychologique incroyable, un univers difficile à explorer, un ballet revisité, et en plus de ça une réalisation formidable avec des acteurs totalement dans leurs rôles, des effets d'images, de sons et un montage qui mènent ce film à l'apothéose.