[critique écrite au moment de la sortie du film]

Black Swan sort enfin ! Et l'année 2011 décolle enfin pour le cinéma. Après nous avoir éprouvés avec Requiem for a Dream, bouleversés avec The Fountain puis The Wrestler, Darren Aronofsky accouche d'un véritable chef-d'œuvre. Voilà sans aucun doute la claque émotionnelle et audio-visuelle qu'on n'osait plus espérer, face à l'indigence des films du mois de janvier.

Non content de nous proposer une relecture viscérale du Lac des Cygnes, Aronofsky offre surtout à Natalie Portman son plus beau rôle depuis des lustres, un rôle enfin à la (dé)mesure de son talent, trop souvent sous-exploité. Habitant chaque plan avec une présence aussi sensuelle qu'électrisante, son personnage de danseuse, tourmenté par les symptômes d'une étrange métamorphose, nous gobe littéralement, nous entraîne jusqu'au vertige dans les entrailles d'un scénario confondant de fluidité et de puissance. Bâtie sur un crescendo épousant paradoxalement la descente aux enfers de son personnage principal, l'histoire de Black Swan est un ballet d'explosions sensorielles s'achevant sur un finale dont l'intensité dramatique restera dans les annales. Certainement le dénouement de film musical le plus grandiose depuis Moulin Rouge.

Autour de Natalie Portman, les rôles secondaires ne déméritent jamais : Vincent Cassel, irrésistible en prof de danse impitoyable, Mila Kunis, étourdissante de sensualité animale, Barbara Hershey, terrifiante en mère possessive et psychopathe. Surprise de taille au cœur de ce casting impérial, Winona Ryder vient parfois voler la vedette à Portman avec son personnage à la fois bouleversant et effrayant de danseuse déchue. Et que dire de la nouvelle composition musicale du fidèle Clint Mansell, sinon qu'elle donne une force et une majesté inoubliables à des images déjà magiques en soi. Quand le rideau tombe, on ressort de la salle les larmes aux yeux, le corps frissonnant d'extase et d'émotions, le cœur gros d'une foi renouvelée dans la puissance du cinéma. Une œuvre d'art, pure, sincère et touchante, comme on en voit de plus en plus rarement dans nos chères salles obscures.
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le 17 août 2011

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